Affichage des articles dont le libellé est Bons bouquins. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Bons bouquins. Afficher tous les articles

mardi 17 juin 2014

Parution de "la rédemption de Tessa". La génèse d'une novella de 111000 SEC

Et bien, nous y voilà.

Cela devait fatalement finir par arriver, cela est arrivé : aujourd'hui paraît à compte éditeur aux éditions "l'Ivre-Book" ma première novella, "la rédemption de Tessa".

J'aime bien la couv ;)
Là, à vif, vous décrire la sensation que j'éprouve est difficile. Bien sûr, la joie et la fierté dominent : je suis désormais un auteur "légitime". Je vais gagner un peu d'argent grâce à ce que je sais le mieux faire : écrire. De plus, je pourrai maintenant me dire "auteur" sans avoir l'impression de me vanter ou d'être un imposteur (mon assurance en la matière est souvent feinte, en vérité, je suis un grand flippé de la plume et je ne suis jamais satisfait de mon ouvrage, j'aime à croire que c'est ce qui fait de moi un nouvelliste apprécié par pas mal de personnes, j'écris ce que j'ai envie de lire, et si certains me trouvent "méprisant" quand je parle de la médiocrité ambiante en auto-édition, ils devraient me voir taper une crise de nerfs sur une coquille ou parce que je trouve que mon texte est nul) .

Mais ces sentiments positifs sont presque écrasés par une terreur et une anxiété énormes : la peur de vous décevoir, l'angoisse de me planter. Sentiments légitimes générés par le désir de bien faire.

Alors je tremble à l'idée que vous tiquiez sur une coquille, que vous détestiez ce que j'ai écrit, que vous jugiez mon histoire complètement inintéressante.

Mais il faudra m'y résoudre : tout cela est désormais hors de mon contrôle, moi, tout ce qu'il me reste à faire, c'est à filer un coup de main à mon éditeur pour la promo, à me concentrer sur mes prochains textes, mes autres nouvelles...

Bon, et à rafler quelques brouzoufs au passage, c'est bassement matérialiste mais ce n'est pas négligeable.

Mais parlons de Tessa un peu, puisque ce jour est à son honneur.

Il y a deux ans, j'étais sous le charme d'une brunette et c'est peu dire. Même aujourd'hui, ça me tiraille quand j'y repense (et j'y repense trop souvent pour mon bien-être), peut-être tout simplement que parfois, on croise des personnes qui n'entrent dans aucune case et qu'on ne pourra jamais oublier, pas plus qu'on ne pourra leur faire comprendre ce qu'elles représentent ou ont représenté à nos yeux.

Cette jeune femme donc me parlait parfois de ses soirées de baby-sitting.

A l'époque, je fréquentais également une célèbre librairie parisienne. C'est là que j'ai rencontré deux blogueuses avec qui nous avons causé de vampires.

L'idée de Tessa est née de cette association : une baby-sitter vampire. Au départ, j'avoue, je ne savais pas trop ce que j'allais faire de l'idée.

Le premier jet m'a pris quelques semaines, j'ai vite compris que les vampires que je décrivais dans mes pages étaient peu conventionnels, tout en étant très proches du Dracula original.

Le monstre de Stoker était en effet monstrueux, extraordinairement vulnérable par certains aspects, et ne pouvait plus vraiment être qualifié "d'homme" même s'il en revêtait les oripeaux. Aimait-il Mina ? Non, il aimait ce qu'elle représentait, son humanité perdue, c'est du moins ainsi que je comprenais ce classique, tout comme à l'époque, je projetais mon affection sur une personne qui me paraissait digne de la recevoir, parce qu'elle représentait à mes yeux ce que ce monde possédait de meilleur.

Autant vous dire que je n'ai jamais été fan de twilight. Pour moi un vampire n'a que faire des hommes, et qu'il tombe amoureux d'une adolescente tout en fréquentant le lycée me paraît plus relever de la perversité qu'autre chose.

En même temps, comme j'aime souvent à le dire, que penser d'une lycéenne qui hésite entre nécrophilie gérontophile et zoologie exhibitionniste ?

Ne me parlez pas du soleil qui fait reluire les vampires, je vais devenir grossier.



 J'adorais Buffy, mais sa romance avec Angel me saoulait. A la rigueur, sa passion torride avec Spike me paraissait plus justifiée, même si un peu abusive (visiblement placée là pour donner un ton plus "adulte" à la série, et ce n'est surement pas par hasard si durant la même saison, Tara crève bêtement et Willow passe par une phase "dépendance à une drogue dure").

Tessa a donc été créée à l'opposé de certains de ces vampires "héros" qu'on nous présente. Si on la rencontrait, qu'on la perçait à jour, elle nous tuerait en hésitant surtout sur la façon de le faire. Il fallait, pour la rendre "sympathique" au lecteur, que je détaille quelque peu son cheminement intérieur, son histoire, sa position par rapport à sa malédiction, sans jamais faire d'elle une vraie "héroïne", une tarée, ou une martyre de sa condition. je m'y suis donc employé. Je lui ai donné le physique de la fille qui hantait mes pensées, mais pour le reste, Tessa a grandi par elle-même, dans un coin de mon esprit.

L'idée de la chute de "la rédemption de Tessa" m'est venue en écrivant, comme souvent dans mes textes.

Après cela, j'ai relu, organisé une bêta-lecture, recueilli des avis très positifs et fait brûler le gratin d'une amie oublié au four pendant qu'elle me lisait (véridique) et ça s'est arrêté là pour le moment.

En septembre 2013, j'ai rouvert le fichier, relu et corrigé, et comme je me sentais prêt à franchir le pas, j'ai envoyé mon texte à plusieurs maisons d'éditions. Le mail qui l'accompagnait était le suivant :




"Bonjour...


Je m'appelle Sylvain Desvaux et je suis à la recherche d'un éditeur pour le texte joint, « la rédemption de Tessa », novella horrifique revisitant le mythe du vampire.

Dans cette optique, j'ai sélectionné plusieurs éditeurs numériques possédant une collection fantastique ou horrifique. Pourquoi numériques ? Je pourrais arguer que c'est l'avenir, que le papier n'est pas écologique, mais la réponse est bien plus simple :

Le numérique est un format idéal pour les récits courts et les novellas, qui sont devenus mon mode d'expression favori. La nouvelle en France ne se porte pas très bien en termes de vente papier. J'ai la conviction que le numérique peut ramener la nouvelle, mais aussi la novella et le feuilleton, sur le devant de la scène. 
 
Ce que je cherche, c'est non seulement un éditeur pour cette novella, mais également un collaborateur sur la durée. J'ai d'autres novellas dans mes tiroirs, d'autres projets, et je serais ravi de faire un bout de chemin avec un même partenaire s'il trouve de l'intérêt à mes textes, et si notre collaboration les fait vendre.

Je viens de passer un an à travailler mes écrits, à me renseigner sur l'industrie du livre, à me tester au travers de bêta-lectures et de recherches diverses. Il y a 5 ans que je publie des textes sur atramenta (dont je suis un des membres fondateurs) et In Libro Veritas (dont j'ai fait partie du comité de lecture). Quant à l'écriture, je la pratique depuis 30 ans en amateur éclairé.

Bref, même si je débute en édition, il y a longtemps que je « tâte le terrain » comme on dit. 
 
J'espère que ce texte s'inscrira dans votre ligne éditoriale, qu'il répondra à une attente de votre lectorat, et que nous pourrons travailler ensemble dans un futur proche.

Je reste à votre disposition pour toute correction éventuelle.

Cordialement.


Sylvain Desvaux."



Avec, bien sûr, un synopsis complet. Je me suis donc préparé à attendre quelques mois.

J'ai reçu une réponse moins de six heures plus tard : mon texte était retenu par les éditions l'Ivre-Book.

En novembre, mon contrat était signé et je rejoignais les auteurs de l'Ivre-book. C'est impressionnant de croiser autant d'auteurs que l'on connaît déjà de réputation.

En Novembre aussi, je me suis attaqué au défi du nanowrimo : écrire un roman en un mois. Je n'ai pas réussi, mais je me suis aperçu que mon écriture pouvait et devait être remise en question. Malgré l'engouement qu'il rencontrait, le texte de "La Rouge et le Sombre" me paraissait indigne de moi, plein de maladresses, parce qu'écrit trop vite. J'ai souvent cette impression si je colle sur un texte trop longtemps, raison pour laquelle je saute souvent d'une création à l'autre, le temps d'adopter un regard neuf sur ma production.

En décembre, j ai relu Tessa et je lui ai trouvé plein de défauts.

Il a fallu attendre 2014 pour attaquer les relectures et le travail de correction, puis le BAN (Bon à numériser)en mai, puis le BAD (Bon à diffuser) en Juin.

Nous avons eu la chance de pouvoir trouver une couverture qui résume l'esprit du texte, tout en correspondant parfaitement à un passage précis. Peut-être pour ça que je la trouve géniale, bien que dérangeante ;)

Je n'ai pas chômé, j'aime autant vous le dire : entre temps, je m'étais entraîné sur de vieux textes. je les avais remis en forme, corrigés, réécrits, relus, et publiés sur amazon dans le seul but d'améliorer encore mon écrit et de récolter des opinions. Je me suis donc attelé à la réécriture de Tessa avec passion.

En tant qu'auteur, c'est comme ça que je fonctionne : pas à pas, mais toujours vers le haut.

6 nouvelles en auto-édition plus tard, voilà le résultat. Un texte de 111000 SEC. Il restera sans doute quelques coquilles et imperfections (il en reste hélas toujours) que je n'ose qualifier "de jeunesse", et dont j'aurai certainement honte, mais il s'agit d'un vrai boulot, d'une vraie histoire de mon cru. Les personnages sont souvent nommés d'après certaines connaissances, et il ne faut certes pas y voir un hasard si un personnage secondaire porte le prénom de mon éditeur.

Ceux qui liront ce texte et qui l'apprécieront me demanderont certainement s'il y a une suite en préparation. Pas pour le moment, mais j'y pense sérieusement (et Lilian m'a déjà posé la question). Si ce premier opus reçoit un accueil favorable des fans de vampires (et je sais qu'il sont nombreux), Tessa aura une suite, je pense pouvoir l'affirmer.  Savoir si elle sera vendue ou même vendable, et bien.... Nous en reparlerons !

Voilà, je vous laisse dévorer ce texte que beaucoup ont trouvé "bien écrit". Pour ma part, je ne suis plus vraiment en position de le juger. Mais j'espère que l'énergie et les sentiments que j'ai placés en ces pages, en ces mots, sauront vous glacer le sang, vous faire sourire, voire même vous écoeurer par instants.

Pourvu seulement qu'ils vous inspirent quelque chose !

Je vous souhaite une agréable lecture !



 

jeudi 11 avril 2013

2087 de David Bry.


Il y a un bon moment que cette chronique est due ! J'ai lu 2087 durant l'automne dernier, et j'avais beaucoup aimé le bouquin. Seulement, j'ai un peu oublié de le critiquer, et comme dirait l'autre, j'ai par la suite oublié que j'avais oublié.

Je vous rappelle qu'à la Shangrymania, je ne critique que les bouquins que j'ai appréciés, car je n'aime pas descendre une oeuvre, je suis bien trop conscient du boulot et de l'engagement que représente l'écriture d'un livre.

Ces derniers temps, le bouquin de David Bry reçoit de plus en plus de critiques élogieuses, et je me suis souvenu du bon moment que j'ai passé le nez dans ses lignes.

D'autre part, et ce n'est pas anodin, 2087 est désormais éligible pour le fameux prix Rosny, qui a déjà récompensé Laurent Whale, un auteur que j'ai particulièrement apprécié (voir la spéciale Laurent Whale), et d'autres manieurs de plumes tout aussi talentueux (la liste des récompensés ici). Vous pouvez d'ailleurs aider à élire vos auteurs favoris dans la liste de cette année, la procédure se trouve à cette adresse.

Bon, le bouquin a aussi reçu le prix des lecteurs de la librairie l'Antremonde, ce qui n'est pas rien.


La preuve en images.


Et ouais, c'est pas pour m'envoyer des fleurs, mais à la Shangrymania, tout de même, on a bon goût ! J'avais déjà flairé Thierry Mulot et son "fils déchu" avant que celui-ci ne paraisse, et...

Ces fleurs là ? En plus y a le vase avec.

Enfin bref. Tout ça pour vous dire qu'une critique de 2087 me paraissait couler de source, même si depuis l'auteur a publié ses "contes désenchantés" que vous pouvez commander dans plein de librairies, et si vous êtes trop fainéants pour fouiner dans google, allez, je vous fais péter les liens qui vont bien.

Le bon bouquin que j'ai lu...
Vous pouvez commander 2087 ici.



Et celui que j'ai pas lu.

Vous pouvez commander les contes désenchantés ici.


Cette parenthèse mercantile mise à part, voilà donc le moment que vous attendez tous : la critique de 2087.

La Critique de 2087 par Shangry  !


Bah c'est très bien, achetez le bouquin.

 Fin de

La Critique de 2087 par Shangry  !



Non, allez, revenez ! C'était une blague.

C'était pas drôle ! Hak !


Bienvenue dans le Paris de 2087 !

Enfin, façon de parler. Paname, c'est plus trop ce que c'était. Les élites et ceux qui peuvent se le permettre vivent en hauteur, au-dessus des brumes radioactives. On se rencontre pour se détendre dans des bars à oxygène. On s'envoie en l'air dans des centres de réalité virtuelle, on s'éclate les neurones jusqu'à l'épuisement dans les sensothèques. Les bas-fonds de la ville et la proche banlieue, dont l'on se protège par de hauts murs et un dôme anti-radiations, sont hantés par les mutants et les contaminés, exclus de la société. Une société où le statut social dépend de l'efficacité de votre masque à gaz et de votre combinaison filtrante, en somme... Le bonheur tient à si peu de choses.

C'est dans cet univers glacé et néfaste que Gabriel évolue. C'est un privé, Gabriel, un ancien de l'AdP, l'armée de Paris, qui vivote et survit à la petite semaine. Il est beau, il est grand, il est fort, il...

Non en fait. Gabriel est humain, et un humain normalement constitué, dans une ville comme Paris en 2087, possède fatalement quelques failles. Gabriel est donc sensible, hanté par son passé, bouffé par les pilules qu'il consomme en overdose pour pouvoir grappiller quelques heures de sommeil dans sa chambre de seconde zone... Là encore, c'est la fête !

Un jour, Gabriel se lance sur un coup de tête dans la plus grande affaire de sa modeste vie. Enfin non, pas sur un coup de tête, à cause d'une tête reçue dans une boîte. Si, je vous jure. Comme quoi, en 2087, le spam et les prospectus dans les boîtes aux lettres, c'est plus ce que c'était non plus.

Ce point de départ inattendu va entraîner Gabriel, et par corollaire, toi lecteur, dans une suite d'aventures mouvementées qui révélera un complot d'une ampleur inattendue. Trahison, suspicion, retournements de situations et autres broutilles en -on vont désormais rythmer le quotidien du privé, soudain très populaire auprès de groupes et factions qui eux, ne le sont pas toujours.

Bref, c'est un vrai sac de noeuds où patientent quelques vipères que notre privé va devoir affronter, esquiver, où tromper. Tout cela pour peut-être trouver une vérité qu'il n'espérait plus découvrir...

David Bry surprend par la profondeur, la cohérence et la densité de son univers. On y croit, tout simplement, et c'est là un signe qui ne trompe pas : le signe que David est un grand conteur, quelqu'un qui sait planter son décor et ses personnages, et il le fait de façon originale. A notre époque de poncifs et de déjà-vus, cela fait du bien.

D'ailleurs, en parlant des personnages, là encore, il y a du très bon. On est assez loin des clichés habituels du genre. Ce qui caractérise Gabriel, c'est avant tout une sensibilité à fleur de peau. Dans une ville où tout est aseptisé, artificiel, radioactif, Gabriel nous contamine de son humanité ! On s'identifie à ce personnage car il devient notre radeau, notre sauvegarde dans un univers hostile et impitoyable envers les faibles. D'où la question en filigrane qui revient plusieurs fois dans ce texte : notre propre humanité fait-elle de nous des hommes plus forts ou plus faibles ? Meilleurs ou simplement plus vulnérables face à l'adversité ?

Et si ces questions ne vous tourmentent guère, lisez malgré tout ce bouquin, car le dépaysement y est garanti. C'est de la vraie anticipation comme je les aime, hostile, barbare, glacée, mais qui nous démontre que, même dans le pire des mondes possibles, l'homme demeure libre de ses choix et responsable de ses défaites.

Et cette leçon, même si elle se paie parfois cher, mérite toujours d'être apprise.


 




mercredi 19 septembre 2012

"Spéciale" Laurent Whale : quand la SF rencontre l'amour des mots.



Dimanche, se déroulait la journée du patrimoine. C'était l'occasion de visiter les monuments français à moindre coût et de se goinfrer de culture pour le mois.

Laurent Whale étant un monument de la littérature d'anticipation et de SF française, je ne doute pas que nos descendants disposeront de deux trois statues à l'effigie de cet auteur. Ce ne serait que justice.

Ah bah oui, soyez prévenus, cet article va être salement enthousiaste et orienté. Parce que voyez-vous, à la Shangrymania, on aime beaucoup Laurent Whale. 

On aime bien Laurent Whale à la Shangrymania : la preuve en images !

J'ai toujours aimé la SF, depuis que j'ai été assez grand pour regarder le plafond étoilé de notre petite boule bleue en me posant la question :

"Est-ce qu'on est vraiment tous seuls ? "

A l'époque, le phénomène Star Wars avait contaminé ma planète, et la France se mettait au diapason. Au début des eighties, la télé regorgeait de séries de SF et d'anticipation : Buck Rogers, Cosmos 1999, Star Trek, il était une fois l'espace, la quatrième dimension... Au cinoche, on découvrait E.T, Terminator, Cocoons, Aliens, 2001 l'odyssée de l'espace... Je me suis donc rapidement intéressé à la littérature d'anticipation. Mes premiers textes, écrits à la main d'une calligraphie empâtée et brouillonne, étaient d'ailleurs dans cette veine. Quand à mon premier roman, il pouvait s'apparenter à du space opéra, et décrivait l'arrivée dans une super base militaire de quatre jeunes recrues qui allaient se retrouver confrontées à un être d'un âge et d'une sagesse insoupçonnée (mais qui cherchait l'amour tout de même, bah oui, j'étais adolescent).

*mode auto-promo ON*
Pourtant, comme le savent certainement ceux qui me lisent, fort peu de mes textes parus à ce jour parlent de citadelles orbitales ou d'aliens belliqueux. Même si Postwar est une tentative de ma part de me rabibocher avec un genre  que j'ai un peu délaissé, c'est le fantastique qui m'inspire avant tout. On pourrait à la rigueur considérer "peines capitales" ou "solitude à crédit" comme des nouvelles d'anticipation. Pour moi, ce sont avant tout des drames humains.
*mode auto-promo OFF*

Revenons à Laurent Whale, c'est quand même lui le sujet de cet article (même si un peu d'auto-promotion ne fait pas de mal). J'ai lu pas mal de SF, suffisamment pour savoir que le genre ne convient pas à tout le monde. Le problème, c'est qu'il est difficile d'écrire de la bonne SF, ou même de définir ce qu'est la bonne SF. D'après wikipédia : 

"La science-fiction est un genre narratif principalement littéraire et cinématographique structuré par des hypothèses sur ce que pourrait être le futur ou ce qu'aurait pu être le présent voire le passé (planètes éloignées, mondes parallèles, uchronieetc.), en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, ethnologiquesetc.). Elle se distingue du fantastique qui inclut une dimension inexplicable et de la fantasy qui fait souvent intervenir la magie."

J'aime bien cette définition, car elle met en exergue les principales difficultés narratives de la SF. Le récit de Science Fiction type exige certaines connaissances technologiques et scientifiques de base, mais il faut réussir à ne pas laisser le lecteur en plan, et surtout à ne pas l'ennuyer. C'est un peu le problème de la "hard science". Quand un bouquin de SF tourne à la thèse d'astro-mécanique, on peut s'attendre à la désertion de certains lecteurs. Bref, un bon auteur de SF devrait posséder un côté Michel Chevalet, pour expliquer à son lecteur les technologies employées de façon simple et intuitive.

Laurent Whale réussit cet exploit haut la main. Que ce soit dans "le chant des psychomorphes" ou "les pilleurs d'âmes", il ne laisse jamais la technologie lui voler le contrôle de son histoire. Mieux, dans "les étoiles s'en balancent", il réussit le tour de force de nous inculquer quelques notions aéronautiques de base, l'air de rien. En la matière, les seuls auteurs que je connaisse capables d'intégrer la technologie à leur histoire sans que celle-ci en soit plombée sont Alastair Reynolds et Peter F. Hamilton.

Le deuxième écueil de la SF, c'est tout simplement l'histoire. Cela paraît évident, mais tous ceux qui comme moi auront bouffé leur dose de SF française cuvée 80 en conviendront : A l'époque, bon nombre d'auteurs semblaient plus intéressés pour nous décrire le protocole de fonctionnement de leur bidule Xy320 que l'androïde 568 devait placre dans le brougzouf à effet de masse, que de nous fournir un vrai récit. Les femmes étaient faciles et les hommes valeureux.

Là encore, Laurent Whale fait très fort. Non seulement l'homme possède un vrai talent de conteur, et manie l'art et la manière de la phrase courte et du mot bien choisi, mais il n'oublie jamais que ses personnages sont des hommes et des femmes, pas des machines sexuelles ou des faire-valoir. Et puis il y a les petites phrases qui font mouche, qui vous emportent dans le récit comme autant d'hameçons de l'imaginaire.

Si je devais définir Laurent Whale en une phrase, je le qualifierais d' "auteur de SF qui privilégie la dimension humaine à la dimension technologique, sans faire l'impasse sur cette dernière".

En effet, il ne fait aucun doute que Laurent Whale se documente solidement. Les pilleurs d'âmes, par exemple, est un régal pour tous les afficionados de la grande période de la flibuste.

Les intrigues de Laurent Whale sont souvent simples, les enjeux évidents. Mais c'est sans compter sur les nombreux petits détours que l'auteur nous impose pour mieux nous faire pénétrer son monde, sa vision du futur. Le procédé fonctionne remarquablement bien, et permet en outre des retournements de situation souvent inattendus, rarement inespérés. Tout est logique, tout est solide. On déambule dans un livre de Laurent Whale comme on se perd dans un palais des glaces, avec délice et jubilation. On voit la fin, elle nous tend les bras, mais on ne sait pas comment on l'atteindra. On 'sen moque, du reste, on s'amuse et on en redemande.

Pour moi il est très clair que ce qui intéresse Laurent Whale, ce n'est pas tant de parvenir à la fin de son histoire pour célébrer un happy end, que de nous livrer un univers clefs en main. Il suffit de lire un de ses livres pour s'en convaincre. Laurent ne nous donne pas uniquement les éléments nécessaires à la compréhension de son histoire, il est généreux et nous livre souvent un second récit en filigrane. Ainsi, dans les pilleurs d'âmes, pendant que nous suivons les pérégrinations d'un héros parachuté dans les années 1660, nous découvrons de temps à autre ce qui se passe de l'autre côté du décor. On pourrait s'en passer, d'autres auteurs se seraient contentés de 3 lignes de dialogue supplémentaires pour expliquer ce qui se passe en coulisses. Mais Laurent Whale nous donne tout, et il se fend donc d'une sous-intrigue parallèle à l'histoire principale. C'est l'apanage des grands rêveurs et des visionnaires que de parvenir à cette communion avec son lecteur, de lui offrir plus que ce qui est compris dans le cahier des charges. Pour moi, Laurent Whale est un rêveur visionnaire, un passionné de science et d'histoire, qui aime donner du plaisir à ses lecteurs. Et ça, forcément, je respecte totalement.

Allez, pour clore cette liste de louanges nécessaires et vous donner envie d'acheter ses bouquins, un petit résumé de 3 oeuvres du grand et beautiful chapeauté Laurent Whale.


"Le chant des psychomorphes".  aux éditions Lokomodo. Zéar est un pilote sans histoire, qui vit dans un monde bien réglé. Le jour où il reçoit le mystérieux message d'un inconnu, sa vie se transforme en une course-poursuite haletante. Mais ce n'est là que le point de départ d'une aventure qui le mènera sur la piste de l'un des plus grands secrets de la voie lactée : le chant des psychomorphes. 
Une aventure menée tambour battant. On est sans cesse balloté entre l'amour, l'humour, la mort. Et il faudra suivre Zéar à travers nombre de péripéties pour enfin découvrir ce qu'est "le chant des psychomorphes". A noter qu'une fois ce secret découvert, on se pose des tas de questions sur ce qui pourrait se passer après cette histoire, Laurent Whale nous renvoyant à notre statut de microbes universels perdus dans une soupe d'étoiles (vous comprendrez quand vous lirez).



"Les pilleurs d'âmes" aux éditions Ad-Astra. Bienvenue en l'année 1666, dans les îles Caraïbes. La flibuste vit son âge d'or. Yoran Le Goff se fait recruter dans les rangs de l'Olonnais. Mais Yoran est bien plus qu'un simple boucanier. Agent gouvernemental anti-Imix sous couverture, il est à la recherche d'un recruteur à la solde d'autres "frères de la côte", plus terribles encore.
Un cocktail inattendu : quand l'univers de la flibuste rencontre celui de l'empire galactique. Une rencontre du troisième type servie comme un roman d'espionnage solidement documenté. Une écriture inspirée, qui emporte le lecteur à travers lagons, batailles maritimes et coups de foudre explosifs. Autant de qualités qui font des "pilleurs d'âmes", MON grand favori de Laurent Whale.





"Les étoiles s'en balancent" aux éditions critic. Bienvenue dans un lendemain qui déchante ! La société est tombée, et du chaos ambiant, quelques survivants tentent de réorganiser un semblant de civilisation. Dans ce contexte sombre, où les villes sont devenues des places fortifiées, Tom Costa est un pilote, le dernier lien entre ces poches de pouvoir aux mains de dirigeants avides de tout. Tom s'en fout, son rêve, sa richesse, réside dans le nom d'une femme : San. Ce quotidien presque ordinaire va être balayé par d'alarmantes rumeurs venues du nord....

Un futur post-apocalyptique sans héros, sans gloire. Des hommes qui survivent, qui luttent pour les miettes d'un pouvoir fragile et les trésors technologiques d'une société tombée dans l'oubli. Et l'amour qui sauve et donne la force de survivre dans cet enfer de larmes, de poussière et de sang. Un récit magistral, un univers inoubliable. Et une fin qui arrive beaucoup trop vite !   

lundi 16 juillet 2012

Le destin des morts, de Jean-pierre Favard.

A la Shangrymania, on aime bien les morts.

...

Non, je vous vois venir, il n'est pas question ici de nécrophilie ou de satanisme, et je ne me sens pas d'humeur à profaner la tombe puis le corps défunt d'une jolie femme partie trop tôt. Le célibat explique beaucoup de choses, mais n'excuse pas ce genre de... de ... d'actes. Et puis d'abord vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez. Enfin, je pense.

Non, si je vous dis cela tout de go, c'est que j'ai bien aimé le bouquin de Jean-Pierre Favard, "le destin des morts".








Le destin des morts, c'est un ensemble de récits et de nouvelles, 4 au total, qui partagent le thème "la maison hantée de vos rêves cauchemars".

Avant toute chose, je tiens à préciser que je suis un fanatique de l'émission TAPS (enfin, les premières saisons), que j'ai passé des heures sur internet à googliser "video ghost footage", et que depuis toujours, le sujet de l'après-vie me passionne.

Je fais également partie de ceux qui ont adoré le premier "Blair Witch" et qui ont craché sur "paranormal activity". Intense pouvoir de suggestion et véritable appel à l'imaginaire pour le premier, parodie de film flippant avec une fin rigolote et megamix des trucs qu'on a entendu dire sur les fantômes pour l'autre...

Donc, si comme moi vous êtes disposés à croire aux histoires de fantômes, les vraies, celles qui font vraiment peur, achetez ce bouquin.

...

Bon, si je termine ma critique ici on va me traiter de vendu et de flemmard, alors je vais vous en dire un peu plus.

D'abord, Jean Pierre Favard, il a une plume, une vraie. Il utilise des phrases courtes, un vocabulaire précis sans être abscons. Il sait jouer du rythme de ses phrases pour instiller le sentiment de ses personnages en vous. Il ne cherche pas à vous effrayer en multipliant les excès d'hémoglobine, les actes violents, non, jamais. Il vous met au contraire dans la peau d'un de ses personnages qui vit un truc flippant. Ce n'est pas un hasard si la majeure partie du bouquin utilise ce "je" qui favorise tant l'identification au personnage. Et puis, il suffit de lire les dernières pages de "La deuxième mort de Camille Millien", le gros morceau de ce livre, pour se convaincre d'une chose : Monsieur Favard a du talent même lorsqu'il s'agit de nous décrire une série de sensations à la limite de "l'extra-corporel". Si le personnage se tape un trip, vous vivez ce trip. S'il est perdu, vous êtes perdu avec lui.

L'idée de mixer une histoire de fantôme "classique" avec des éléments de légende traditionnelle n'est certes pas neuve (Graham Masterton, pour ne citer que lui, a bien compris l'intérêt de cette recette), mais sans talent pour équilibrer la recette, le cocktail ne peut pas prendre. Ici, cela prend.... très bien.

Pour avoir écrit "l'appartement des Strauss" (et hop, coup de pub gratuit), je peux vous dire que foutre la trouille à son lecteur, ce n'est pas évident, mais Jean Pierre Favard y réussit avec aise et brio. Il y a dans ses pages suffisamment de puissance évocatrice pour vous convaincre de ce que vous lisez et vous coller un gentil frisson dans le dos, celui de la vraie trouille, de la vraie appréhension. Si vous avez lu, par exemple "un sac d'os" de Stephen King, et que vous avez flippé durant les passages ou l'écrivain solitaire se retrouve seul dans sa cabane au fond des bois, et ben ça y ressemble drôlement.

Bon, au-delà de ça, dans "ghost n'roll baby", l'auteur parvient à dépoussiérer le mythe traditionnel du fantôme, tout en nous faisant passer un message sur les petites nuisances du système capitaliste quand il s'agit de parler d'art... Mais on sent que quelque part, ce n'était pas son but. Moi, monsieur Favard, je vous soupçonne d'avoir simplement voulu nous foutre la trouille. La micro-nouvelle, "l'architecte", placée à la fin du livre, m'a d'ailleurs fait passer de l'anxiété au rire, comme si vous m'aviez dit "bon allez mon pote, tu peux redescendre sur terre maintenant, je t'ai bien fait flipper mais m'en veux pas". Nul doute que certains trouveront "l'architecte" inutile ou déplacé. Moi j'y vois un gros clin d'oeil pour ceux qui vous ont suivi jusqu'au bout dans votre délire ! Une façon de dire "c'est pas fini, à une prochaine fois peut-être..."

Bref, ce bouquin, je sais que je le relirai, comme je prends parfois plaisir à me relire un "Ça" ou un "Désolation" resté sur une étagère depuis quelques années. 

Chapeau bas, monsieur Favard... Et merci pour ce savoureux moment de flippe !




mardi 26 juin 2012

World War Z de Max Brooks.

Max Brooks, l'auteur de World War Z, est le fils de Mel Brooks.

Je sais, cela n'augure rien de bon en général, quand on nomme un auteur pour ses liens de parenté plutôt que pour ses écrits. Non, mais revenez, hein, j'ai pas encore commencé !

Alors, dans World War Z, il y a "world war" ce qui signifie, pour nos amis non-anglophones "guerre mondiale". Et puis il y a Z comme... qui a dit Zorro ? Perdu, coco, le Z de World War Z signifie "zombie".

Une attaque de zombies à l'échelle planétaire donc. Le sujet est posé. Cette fois-ci, il n'est pas question de se terrer dans un supermarché où d'espérer un happy end. Ce que ce livre nous narre, c'est la raclée mondiale que se prend l'humanité face à des bouffeurs de chair humaine complètement décérébrés.

Pour des dizaines de raisons, le livre aurait pu être raté. Il ne l'est pas. La raison principale en est son traitement. Plutôt que de suivre une poignée de héros tentant d'échapper à l'invasion des "Zack", comme ils seront bientôt nommés par l'armée, l'auteur choisit d'écrire un documentaire. World War Z consiste en une compilation de témoignages recueillis après la guerre des Z. Ce sont des dizaines de récits que nous découvrons au fil de ces pages, tissant la toile dépeignant une catastrophe planétaire. C'est extrêmement malin car, à l'instar de "Walking dead", l'auteur ne s'intéresse que fort peu aux zombies proprement dits. Il se passionne en revanche pour l'aspect humain, politique et tactique de l'invasion.

Si le livre n'échappe pas aux clichés du genre (zombies rampants, contagion par morsure, une balle dans la tête pour en finir), il regorge de trouvailles et de moments forts. Les brigades canines, les zombies sous-marins, l'effet du froid sur les infectés...  J'ai particulièrement aimé le récit de l'aviatrice parachutée en territoire hostile à la suite d'une avarie.

Les récits sont classés dans un ordre chronologique précis : de "premiers symptômes" qui nous dépeint les causes de l'épidémie, dues en grande partie à la négligence des dirigeants mondiaux, à "Adieux" qui clôt de façon incertaine le livre, en passant par "La grande panique" ou "guerre totale", on découvre les principaux épisodes de la guerre Z, et les tournants d'un conflit qui condamne l'humanité à se remettre en question.

On peut regretter l'abandon de certaines pistes, qu'on aurait aimé voir un peu plus exploitées : les "alpha team" par exemple, ou l'arme privilégiée des tueurs de zombie, la fameuse "lobo". Avec le recul, on peut toutefois comprendre le choix de l'auteur, dont le but n'était pas d'écrire un livre de zombies, mais un livre sur l'humanité confrontée à une attaque de zombies. Car c'est bien d'humanité au fond qu'il est question. En narrant l'extermination de notre race via des commentaires plus ou moins détachés, oscillant entre l'amertume et le cynisme, l'auteur en révèle bon nombre de travers, et pointe du doigt ses forces et ses faiblesses.

Il est également à noter que l'auteur ne se cantonne pas à son Amérique natale, comme Stephen King l'avait fait dans "le fléau", autre oeuvre dépeignant une catastrophe mondiale. Ainsi, nous apprenons ce qui s'est passé ailleurs, à Paris, en Islande, à Cuba, en Chine, au Japon... 

Le livre ne vire à aucun moment dans le cauchemardesque ou l'épouvante "graphique". Plutôt que de nous décrire en détail la déliquescence de ses créatures revenues à la vie, l'auteur se contente de les rendre omniprésentes, oppressantes, mais vagues. Là encore, cela peut décevoir ceux qui croyaient lire un récit d'horreur classique. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la suggestion est tout aussi efficace.

A bien des égards, World War Z est donc un bon bouquin, et si vous aimez les uchronies écrites comme un documentaire, jetez-vous dessus !


vendredi 22 juin 2012

Apocalypsis, de Eli Esseriam.

Puisque ce blog se veut littéraire, je vais vous parler des bouquins qui m'inspirent et qui me plaisent, et me risquer à l'art délicat de la critique.

Aujourd'hui, je vais vous parler d'Apocalypsis, une saga en cours d'écriture, de Eli Esseriam (4 tomes parus aux éditions du Matagot, dans la collection nouvel angle).

Alice, Edo, Maximilian et Elias sont des adolescents de 17 ans pas tout à fait comme les autres. Ils ont été désignés pour mettre un terme à l'histoire telle que nous la connaissons, et sont de corvée pour le grand nettoyage final. Ils sont les quatre cavaliers de l'apocalypse, tadammmm !

Leur mission accomplie, il ne restera dans leur sillage, que l'on devine sanglant, que 144 000 âmes jugées dignes d'être sauvées. 144 000 sur six milliards ! Inutile de vous dire que c'est une sacrée tâche qui attend nos anti-héros.

Anti-héros, certes, j'ose le mot. Alice la pimbêche hautaine, Edo la petite frappe, Maximilian le fils de bonne famille mais salopard de première, et Elias le bègue n'étaient clairement pas destinés à être des messieurs et madame "tout-le-monde". Au grand jeu de la vie, ils ont tiré des cartes peu banales...

Les quatre premiers volumes de la saga sont consacrés à la genèse des cavaliers. Chaque volume nous présente l'un des personnages dans le détail, et c'est là que le talent de l'auteur fait toute la différence. Eli Esseriam réussit à créer des personnages extrêmement crédibles et à nous intéresser à eux, qu'ils nous soient sympathiques ou pas. Leurs petits tracas quotidiens, leurs traits de personnalité touchants ou haïssables, leurs passés tourmentés et leurs amours idéalisées ou impossibles... Il suffit de lire dix pages et la magie opère, on est accrochés, on veut connaître la suite. L'auteur nous présente ses héros, leur entourage, leur passé, et là, paf, les pouvoirs de l'apocalypse se manifestent tels une crise d'acné tardive et viennent chambouler le destin de nos cavaliers en herbe, condamnés à entrer dans leur rôle de purificateurs. Pouvoirs et rôles dont certains se satisfont mieux que d'autres...

Bien loin de se limiter à nous narrer un amusant jeu de massacre, Eli prend le temps de planter son univers, de multiplier les enjeux. Ainsi, les quatre premiers volumes ont beau nous narrer quatre histoires différentes, elles se recoupent souvent, parfois de façon inattendue, mais jamais saugrenue.

Les pouvoirs des héros, quand à eux, sont éminemment redoutables. Suggestion, contrôle du temps, polymorphisme, hyper-empathie... Les quatre cavaliers de l'apocalypse sont bien armés, et doivent apprendre à maîtriser correctement leurs attributs, ce qui se fera sans l'aide d'un mentor à la barbe grise et au verbe sage. Là encore, l'auteur fait dans l'originalité, en confrontant les quatre cavaliers de l'apocalypse à la méthode empirique... Autrement dit, ils expérimentent, avec plus ou moins de bonheur, les pouvoirs qui leur ont été conférés. Ce qui ne tarde pas à radicalement changer leur vie.

Eli Esseriam, avec ces premiers romans, risque d'en épater plus d'un, et c'est tout le mal que je lui souhaite. Une écriture fine, un sens de la psychologie des personnages juste admirable, et une plume teintée d'un humour acerbe parfois. Même pas honte, j'aime, et je recommande. Le 5ème tome sort en septembre. Vous pouvez vous procurer les 4 premiers volumes à la librairie L'antremonde :

http://www.facebook.com/pages/Librairie-L-Antre-Monde/176436635710636