jeudi 6 septembre 2012

C'est la rentrée littéraire... Shangry a des boutons.

Chaque mois de septembre, c'est la même chose. On nous bombarde les futures références "à lire" dans l'espoir d'en faire des best-sellers et de rafler des prix littéraires à qui mieux mieux.

Même si l'initiative est louable, elle est également réductrice. Pourquoi vouloir inciter le lecteur à lire ce livre plutôt qu'un autre ? Quid de la liberté de choisir ses lectures ? Alors comme chaque année on va nous vendre le Nothomb nécessaire,  ou le bouquin du jeune génie de 4 ans qui a pondu "tout seul" sa première histoire (et le fait que maman soit éditrice et papa auteur de romans n'a rien à y voir...), plus quelques bonnes bouses pseudo-intellectuelles histoire de pouvoir justifier l'aspect culturel de la chose... Le but n'est pas de nous vendre de la bonne littérature, cela je n'y crois pas une seule seconde. Les enjeux sont simplement économiques. Comme Noël ou Halloween, mais sans magie comprise dans le forfait. On verra encore les lecteurs du dimanche se ruer sur le nouvel auteur de septembre, parce que "c'est la révélation de l'année", ou s'arracher le livre d'une star de télé-réalité. Son nom est écrit sur la couverture mais, bien souvent, c'est écrit par un nègre. Automne culturel d'une population au cerveau déjà refroidi par les prémices de l'hiver intellectuel. La fin du monde en 2012 ? C'est peut-être pas plus mal, elle nous évitera l'extinction des cerveaux.

La rentrée littéraire m'indiffère. C'est pour cela que je me permets tant de mesquinerie. Mes critères de sélection pour mes lectures sont :

  1. Une bonne couverture. Ca n'a l'air de rien, mais c'est le premier contact avec le livre. En général, j'évite d'ouvrir un bouquin avec la photo d'un politique ou d'une star en couverture. Ces gens-là ne m'inspirent ni confiance, ni mérite. Ils ne me donnent même pas envie de les lire. Ce sont souvent des opportunistes qui profitent de leur célébrité, plus ou moins mal acquise, pour publier leurs pensées, quand ils se sont donnés la peine d'écrire leur livre. Les rares fois où j'ai tenté l'aventure, j'ai été déçu. 
  2. Le titre. Un bon titre vous accroche, vous donne envie d'ouvrir le bouquin. 
  3. Le texte. En général, j'ouvre le livre et je lis quelques phrases. J'évite de lire les premiers ou derniers chapitres. Au début, l'auteur cherche son rythme, plante son histoire, ce n'est pas forcément la partie la plus agréable à lire... Si je commence par la fin,  je gâche tout simplement mon plaisir de lecture. Au milieu du livre en revanche se trouvent l'honnêteté et le talent de l'auteur. C'est ma conviction. Si je ne trouve que du blabla ou des descriptions sous xanax à cet endroit, je repose le livre et je passe à un autre.
  4. La quatrième de couverture. Ben oui, on passe tous par là. Autant j'aime aller voir un film au cinéma sans avoir vu les bandes-annonces, afin d'être surpris, autant pour un livre je me vois mal lire quelque chose sur un sujet qui ne m'intéresse absolument pas. C'est d'ailleurs sans doute un défaut, mais je l'assume. Je n'ai pas pour vocation de lire tout ce qui me passe sous la main, même si je lis beaucoup.
Bien sûr,  ce n'est là que ma façon de juger. Je n'empêche personne de lire ce qu'il souhaite. J'ai juste une fâcheuse tendance à refuser de devenir un "lecteur sous influence".

Avant que je ne me mette à écrire des nouvelles, et avant que je ne les fasse lire, il arrivait que des amis me parlent en bien d'un auteur ou d'un livre. Il m'arrivait de suivre leur conseil, par curiosité. C'est toujours vrai.

Depuis que j'écris, j'ai découvert quelque chose d'assez épouvantable. Les gens qui, après avoir lu mes nouvelles, se sentent contraints de me dire "Hey, c'est cool, c'est sympa ton truc. Tu devrais lire -insérez ici le nom d'un illustre auteur auquel je ne saurais me comparer dans mon humilité relative-, il écrit des trucs du même genre."
Dans ce cas, je blackliste l'auteur de façon plus ou moins consciente. Il en va de même dés que l'on me dit "tiens, tu devrais lire ce bouquin, il t'aidera à comprendre ce que tu traverses en ce moment".

Je ne suis pas assez stupide pour croire que l'on puisse échapper à toute forme d'influence. J'en revendique certaines. Mais je refuse que l'on me dicte mes lectures dans un contexte d'orientation. En tant qu'auteur, je cherche mon style propre, il serait donc absurde que je me mette à lire untel ou untel dans le but de copier ce qu'il fait, parce que "c'est bien". Je pense être un jour en mesure de fournir un travail honnête et de qualité qui aura ma patte. Si je n'y croyais pas, je n'essaierais même pas.
Quand à la compréhension de mes tares, de mes douleurs, et de mes petites crises existentielles, je fais comme tout le monde : j'apprends sur le tas. On ne cesse jamais d'apprendre. 

En bref, cher ami lecteur, en ce mois de septembre où l'on va tenter de te forcer la main, de te contraindre à acheter ce livre parce que "c'est bien, c'est ce qu'il te faut, c'est ce dont tu as besoin", pose-toi la question deux secondes. La question du choix. Seras-tu l'un des moutons littéraires de l'année ? Tu ne démériteras pas à mes yeux, tant que tu continueras à lire. Mais c'est dommage. En ces temps de crise, garde tes sous pour un livre que tu auras choisi, et que tu aimeras, qui sera vraiment tien, même si tu ne l'as pas écrit.