jeudi 28 juin 2012

Coups de plume de la semaine...

"Il était définitivement le second rôle de l'histoire de sa vie, plaçant toujours d'autres sur un piédestal plus grand que le sien. Il acceptait la faiblesse comme part de l'âme humaine, tout en ne se pardonnant que rarement les siennes. Fidèle à ses préceptes comme certains le seraient parfois à une femme, il n'avait pourtant rien d'admirable. Ce dernier point, la société des hommes l'avait décrété."

 "Certains vivent pour un coup d'éclat, dans l'espoir que la mort les surprendra dans une posture avantageuse, leur assurant la postérité. Lui faisait de sa propre vie un coup d'éclat, lumière dans les ténèbres pour ceux qui le cherchaient, et fou énigmatique pour ceux qui ne savaient le comprendre."

"Dans le doute, donne le meilleur, il t'en restera bien assez pour toi."

 "Par-delà les murailles de silence ordinaire où se tapissent nos craintes et nos désirs, il allait en rampant quérir un peu d'espoir, afin d'en éclairer son âme perdue, tel un vampire cherchant le jour comme source de salut."

"Bien sûr qu'il y en aurait des choses à dire sur l'amour. Bien sûr qu'il y en aurait à faire, à prouver, à donner. Mais au final vaut mieux le vivre et puis se taire."

mardi 26 juin 2012

World War Z de Max Brooks.

Max Brooks, l'auteur de World War Z, est le fils de Mel Brooks.

Je sais, cela n'augure rien de bon en général, quand on nomme un auteur pour ses liens de parenté plutôt que pour ses écrits. Non, mais revenez, hein, j'ai pas encore commencé !

Alors, dans World War Z, il y a "world war" ce qui signifie, pour nos amis non-anglophones "guerre mondiale". Et puis il y a Z comme... qui a dit Zorro ? Perdu, coco, le Z de World War Z signifie "zombie".

Une attaque de zombies à l'échelle planétaire donc. Le sujet est posé. Cette fois-ci, il n'est pas question de se terrer dans un supermarché où d'espérer un happy end. Ce que ce livre nous narre, c'est la raclée mondiale que se prend l'humanité face à des bouffeurs de chair humaine complètement décérébrés.

Pour des dizaines de raisons, le livre aurait pu être raté. Il ne l'est pas. La raison principale en est son traitement. Plutôt que de suivre une poignée de héros tentant d'échapper à l'invasion des "Zack", comme ils seront bientôt nommés par l'armée, l'auteur choisit d'écrire un documentaire. World War Z consiste en une compilation de témoignages recueillis après la guerre des Z. Ce sont des dizaines de récits que nous découvrons au fil de ces pages, tissant la toile dépeignant une catastrophe planétaire. C'est extrêmement malin car, à l'instar de "Walking dead", l'auteur ne s'intéresse que fort peu aux zombies proprement dits. Il se passionne en revanche pour l'aspect humain, politique et tactique de l'invasion.

Si le livre n'échappe pas aux clichés du genre (zombies rampants, contagion par morsure, une balle dans la tête pour en finir), il regorge de trouvailles et de moments forts. Les brigades canines, les zombies sous-marins, l'effet du froid sur les infectés...  J'ai particulièrement aimé le récit de l'aviatrice parachutée en territoire hostile à la suite d'une avarie.

Les récits sont classés dans un ordre chronologique précis : de "premiers symptômes" qui nous dépeint les causes de l'épidémie, dues en grande partie à la négligence des dirigeants mondiaux, à "Adieux" qui clôt de façon incertaine le livre, en passant par "La grande panique" ou "guerre totale", on découvre les principaux épisodes de la guerre Z, et les tournants d'un conflit qui condamne l'humanité à se remettre en question.

On peut regretter l'abandon de certaines pistes, qu'on aurait aimé voir un peu plus exploitées : les "alpha team" par exemple, ou l'arme privilégiée des tueurs de zombie, la fameuse "lobo". Avec le recul, on peut toutefois comprendre le choix de l'auteur, dont le but n'était pas d'écrire un livre de zombies, mais un livre sur l'humanité confrontée à une attaque de zombies. Car c'est bien d'humanité au fond qu'il est question. En narrant l'extermination de notre race via des commentaires plus ou moins détachés, oscillant entre l'amertume et le cynisme, l'auteur en révèle bon nombre de travers, et pointe du doigt ses forces et ses faiblesses.

Il est également à noter que l'auteur ne se cantonne pas à son Amérique natale, comme Stephen King l'avait fait dans "le fléau", autre oeuvre dépeignant une catastrophe mondiale. Ainsi, nous apprenons ce qui s'est passé ailleurs, à Paris, en Islande, à Cuba, en Chine, au Japon... 

Le livre ne vire à aucun moment dans le cauchemardesque ou l'épouvante "graphique". Plutôt que de nous décrire en détail la déliquescence de ses créatures revenues à la vie, l'auteur se contente de les rendre omniprésentes, oppressantes, mais vagues. Là encore, cela peut décevoir ceux qui croyaient lire un récit d'horreur classique. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la suggestion est tout aussi efficace.

A bien des égards, World War Z est donc un bon bouquin, et si vous aimez les uchronies écrites comme un documentaire, jetez-vous dessus !