mardi 17 juin 2014

Parution de "la rédemption de Tessa". La génèse d'une novella de 111000 SEC

Et bien, nous y voilà.

Cela devait fatalement finir par arriver, cela est arrivé : aujourd'hui paraît à compte éditeur aux éditions "l'Ivre-Book" ma première novella, "la rédemption de Tessa".

J'aime bien la couv ;)
Là, à vif, vous décrire la sensation que j'éprouve est difficile. Bien sûr, la joie et la fierté dominent : je suis désormais un auteur "légitime". Je vais gagner un peu d'argent grâce à ce que je sais le mieux faire : écrire. De plus, je pourrai maintenant me dire "auteur" sans avoir l'impression de me vanter ou d'être un imposteur (mon assurance en la matière est souvent feinte, en vérité, je suis un grand flippé de la plume et je ne suis jamais satisfait de mon ouvrage, j'aime à croire que c'est ce qui fait de moi un nouvelliste apprécié par pas mal de personnes, j'écris ce que j'ai envie de lire, et si certains me trouvent "méprisant" quand je parle de la médiocrité ambiante en auto-édition, ils devraient me voir taper une crise de nerfs sur une coquille ou parce que je trouve que mon texte est nul) .

Mais ces sentiments positifs sont presque écrasés par une terreur et une anxiété énormes : la peur de vous décevoir, l'angoisse de me planter. Sentiments légitimes générés par le désir de bien faire.

Alors je tremble à l'idée que vous tiquiez sur une coquille, que vous détestiez ce que j'ai écrit, que vous jugiez mon histoire complètement inintéressante.

Mais il faudra m'y résoudre : tout cela est désormais hors de mon contrôle, moi, tout ce qu'il me reste à faire, c'est à filer un coup de main à mon éditeur pour la promo, à me concentrer sur mes prochains textes, mes autres nouvelles...

Bon, et à rafler quelques brouzoufs au passage, c'est bassement matérialiste mais ce n'est pas négligeable.

Mais parlons de Tessa un peu, puisque ce jour est à son honneur.

Il y a deux ans, j'étais sous le charme d'une brunette et c'est peu dire. Même aujourd'hui, ça me tiraille quand j'y repense (et j'y repense trop souvent pour mon bien-être), peut-être tout simplement que parfois, on croise des personnes qui n'entrent dans aucune case et qu'on ne pourra jamais oublier, pas plus qu'on ne pourra leur faire comprendre ce qu'elles représentent ou ont représenté à nos yeux.

Cette jeune femme donc me parlait parfois de ses soirées de baby-sitting.

A l'époque, je fréquentais également une célèbre librairie parisienne. C'est là que j'ai rencontré deux blogueuses avec qui nous avons causé de vampires.

L'idée de Tessa est née de cette association : une baby-sitter vampire. Au départ, j'avoue, je ne savais pas trop ce que j'allais faire de l'idée.

Le premier jet m'a pris quelques semaines, j'ai vite compris que les vampires que je décrivais dans mes pages étaient peu conventionnels, tout en étant très proches du Dracula original.

Le monstre de Stoker était en effet monstrueux, extraordinairement vulnérable par certains aspects, et ne pouvait plus vraiment être qualifié "d'homme" même s'il en revêtait les oripeaux. Aimait-il Mina ? Non, il aimait ce qu'elle représentait, son humanité perdue, c'est du moins ainsi que je comprenais ce classique, tout comme à l'époque, je projetais mon affection sur une personne qui me paraissait digne de la recevoir, parce qu'elle représentait à mes yeux ce que ce monde possédait de meilleur.

Autant vous dire que je n'ai jamais été fan de twilight. Pour moi un vampire n'a que faire des hommes, et qu'il tombe amoureux d'une adolescente tout en fréquentant le lycée me paraît plus relever de la perversité qu'autre chose.

En même temps, comme j'aime souvent à le dire, que penser d'une lycéenne qui hésite entre nécrophilie gérontophile et zoologie exhibitionniste ?

Ne me parlez pas du soleil qui fait reluire les vampires, je vais devenir grossier.



 J'adorais Buffy, mais sa romance avec Angel me saoulait. A la rigueur, sa passion torride avec Spike me paraissait plus justifiée, même si un peu abusive (visiblement placée là pour donner un ton plus "adulte" à la série, et ce n'est surement pas par hasard si durant la même saison, Tara crève bêtement et Willow passe par une phase "dépendance à une drogue dure").

Tessa a donc été créée à l'opposé de certains de ces vampires "héros" qu'on nous présente. Si on la rencontrait, qu'on la perçait à jour, elle nous tuerait en hésitant surtout sur la façon de le faire. Il fallait, pour la rendre "sympathique" au lecteur, que je détaille quelque peu son cheminement intérieur, son histoire, sa position par rapport à sa malédiction, sans jamais faire d'elle une vraie "héroïne", une tarée, ou une martyre de sa condition. je m'y suis donc employé. Je lui ai donné le physique de la fille qui hantait mes pensées, mais pour le reste, Tessa a grandi par elle-même, dans un coin de mon esprit.

L'idée de la chute de "la rédemption de Tessa" m'est venue en écrivant, comme souvent dans mes textes.

Après cela, j'ai relu, organisé une bêta-lecture, recueilli des avis très positifs et fait brûler le gratin d'une amie oublié au four pendant qu'elle me lisait (véridique) et ça s'est arrêté là pour le moment.

En septembre 2013, j'ai rouvert le fichier, relu et corrigé, et comme je me sentais prêt à franchir le pas, j'ai envoyé mon texte à plusieurs maisons d'éditions. Le mail qui l'accompagnait était le suivant :




"Bonjour...


Je m'appelle Sylvain Desvaux et je suis à la recherche d'un éditeur pour le texte joint, « la rédemption de Tessa », novella horrifique revisitant le mythe du vampire.

Dans cette optique, j'ai sélectionné plusieurs éditeurs numériques possédant une collection fantastique ou horrifique. Pourquoi numériques ? Je pourrais arguer que c'est l'avenir, que le papier n'est pas écologique, mais la réponse est bien plus simple :

Le numérique est un format idéal pour les récits courts et les novellas, qui sont devenus mon mode d'expression favori. La nouvelle en France ne se porte pas très bien en termes de vente papier. J'ai la conviction que le numérique peut ramener la nouvelle, mais aussi la novella et le feuilleton, sur le devant de la scène. 
 
Ce que je cherche, c'est non seulement un éditeur pour cette novella, mais également un collaborateur sur la durée. J'ai d'autres novellas dans mes tiroirs, d'autres projets, et je serais ravi de faire un bout de chemin avec un même partenaire s'il trouve de l'intérêt à mes textes, et si notre collaboration les fait vendre.

Je viens de passer un an à travailler mes écrits, à me renseigner sur l'industrie du livre, à me tester au travers de bêta-lectures et de recherches diverses. Il y a 5 ans que je publie des textes sur atramenta (dont je suis un des membres fondateurs) et In Libro Veritas (dont j'ai fait partie du comité de lecture). Quant à l'écriture, je la pratique depuis 30 ans en amateur éclairé.

Bref, même si je débute en édition, il y a longtemps que je « tâte le terrain » comme on dit. 
 
J'espère que ce texte s'inscrira dans votre ligne éditoriale, qu'il répondra à une attente de votre lectorat, et que nous pourrons travailler ensemble dans un futur proche.

Je reste à votre disposition pour toute correction éventuelle.

Cordialement.


Sylvain Desvaux."



Avec, bien sûr, un synopsis complet. Je me suis donc préparé à attendre quelques mois.

J'ai reçu une réponse moins de six heures plus tard : mon texte était retenu par les éditions l'Ivre-Book.

En novembre, mon contrat était signé et je rejoignais les auteurs de l'Ivre-book. C'est impressionnant de croiser autant d'auteurs que l'on connaît déjà de réputation.

En Novembre aussi, je me suis attaqué au défi du nanowrimo : écrire un roman en un mois. Je n'ai pas réussi, mais je me suis aperçu que mon écriture pouvait et devait être remise en question. Malgré l'engouement qu'il rencontrait, le texte de "La Rouge et le Sombre" me paraissait indigne de moi, plein de maladresses, parce qu'écrit trop vite. J'ai souvent cette impression si je colle sur un texte trop longtemps, raison pour laquelle je saute souvent d'une création à l'autre, le temps d'adopter un regard neuf sur ma production.

En décembre, j ai relu Tessa et je lui ai trouvé plein de défauts.

Il a fallu attendre 2014 pour attaquer les relectures et le travail de correction, puis le BAN (Bon à numériser)en mai, puis le BAD (Bon à diffuser) en Juin.

Nous avons eu la chance de pouvoir trouver une couverture qui résume l'esprit du texte, tout en correspondant parfaitement à un passage précis. Peut-être pour ça que je la trouve géniale, bien que dérangeante ;)

Je n'ai pas chômé, j'aime autant vous le dire : entre temps, je m'étais entraîné sur de vieux textes. je les avais remis en forme, corrigés, réécrits, relus, et publiés sur amazon dans le seul but d'améliorer encore mon écrit et de récolter des opinions. Je me suis donc attelé à la réécriture de Tessa avec passion.

En tant qu'auteur, c'est comme ça que je fonctionne : pas à pas, mais toujours vers le haut.

6 nouvelles en auto-édition plus tard, voilà le résultat. Un texte de 111000 SEC. Il restera sans doute quelques coquilles et imperfections (il en reste hélas toujours) que je n'ose qualifier "de jeunesse", et dont j'aurai certainement honte, mais il s'agit d'un vrai boulot, d'une vraie histoire de mon cru. Les personnages sont souvent nommés d'après certaines connaissances, et il ne faut certes pas y voir un hasard si un personnage secondaire porte le prénom de mon éditeur.

Ceux qui liront ce texte et qui l'apprécieront me demanderont certainement s'il y a une suite en préparation. Pas pour le moment, mais j'y pense sérieusement (et Lilian m'a déjà posé la question). Si ce premier opus reçoit un accueil favorable des fans de vampires (et je sais qu'il sont nombreux), Tessa aura une suite, je pense pouvoir l'affirmer.  Savoir si elle sera vendue ou même vendable, et bien.... Nous en reparlerons !

Voilà, je vous laisse dévorer ce texte que beaucoup ont trouvé "bien écrit". Pour ma part, je ne suis plus vraiment en position de le juger. Mais j'espère que l'énergie et les sentiments que j'ai placés en ces pages, en ces mots, sauront vous glacer le sang, vous faire sourire, voire même vous écoeurer par instants.

Pourvu seulement qu'ils vous inspirent quelque chose !

Je vous souhaite une agréable lecture !