mardi 17 juin 2014

Parution de "la rédemption de Tessa". La génèse d'une novella de 111000 SEC

Et bien, nous y voilà.

Cela devait fatalement finir par arriver, cela est arrivé : aujourd'hui paraît à compte éditeur aux éditions "l'Ivre-Book" ma première novella, "la rédemption de Tessa".

J'aime bien la couv ;)
Là, à vif, vous décrire la sensation que j'éprouve est difficile. Bien sûr, la joie et la fierté dominent : je suis désormais un auteur "légitime". Je vais gagner un peu d'argent grâce à ce que je sais le mieux faire : écrire. De plus, je pourrai maintenant me dire "auteur" sans avoir l'impression de me vanter ou d'être un imposteur (mon assurance en la matière est souvent feinte, en vérité, je suis un grand flippé de la plume et je ne suis jamais satisfait de mon ouvrage, j'aime à croire que c'est ce qui fait de moi un nouvelliste apprécié par pas mal de personnes, j'écris ce que j'ai envie de lire, et si certains me trouvent "méprisant" quand je parle de la médiocrité ambiante en auto-édition, ils devraient me voir taper une crise de nerfs sur une coquille ou parce que je trouve que mon texte est nul) .

Mais ces sentiments positifs sont presque écrasés par une terreur et une anxiété énormes : la peur de vous décevoir, l'angoisse de me planter. Sentiments légitimes générés par le désir de bien faire.

Alors je tremble à l'idée que vous tiquiez sur une coquille, que vous détestiez ce que j'ai écrit, que vous jugiez mon histoire complètement inintéressante.

Mais il faudra m'y résoudre : tout cela est désormais hors de mon contrôle, moi, tout ce qu'il me reste à faire, c'est à filer un coup de main à mon éditeur pour la promo, à me concentrer sur mes prochains textes, mes autres nouvelles...

Bon, et à rafler quelques brouzoufs au passage, c'est bassement matérialiste mais ce n'est pas négligeable.

Mais parlons de Tessa un peu, puisque ce jour est à son honneur.

Il y a deux ans, j'étais sous le charme d'une brunette et c'est peu dire. Même aujourd'hui, ça me tiraille quand j'y repense (et j'y repense trop souvent pour mon bien-être), peut-être tout simplement que parfois, on croise des personnes qui n'entrent dans aucune case et qu'on ne pourra jamais oublier, pas plus qu'on ne pourra leur faire comprendre ce qu'elles représentent ou ont représenté à nos yeux.

Cette jeune femme donc me parlait parfois de ses soirées de baby-sitting.

A l'époque, je fréquentais également une célèbre librairie parisienne. C'est là que j'ai rencontré deux blogueuses avec qui nous avons causé de vampires.

L'idée de Tessa est née de cette association : une baby-sitter vampire. Au départ, j'avoue, je ne savais pas trop ce que j'allais faire de l'idée.

Le premier jet m'a pris quelques semaines, j'ai vite compris que les vampires que je décrivais dans mes pages étaient peu conventionnels, tout en étant très proches du Dracula original.

Le monstre de Stoker était en effet monstrueux, extraordinairement vulnérable par certains aspects, et ne pouvait plus vraiment être qualifié "d'homme" même s'il en revêtait les oripeaux. Aimait-il Mina ? Non, il aimait ce qu'elle représentait, son humanité perdue, c'est du moins ainsi que je comprenais ce classique, tout comme à l'époque, je projetais mon affection sur une personne qui me paraissait digne de la recevoir, parce qu'elle représentait à mes yeux ce que ce monde possédait de meilleur.

Autant vous dire que je n'ai jamais été fan de twilight. Pour moi un vampire n'a que faire des hommes, et qu'il tombe amoureux d'une adolescente tout en fréquentant le lycée me paraît plus relever de la perversité qu'autre chose.

En même temps, comme j'aime souvent à le dire, que penser d'une lycéenne qui hésite entre nécrophilie gérontophile et zoologie exhibitionniste ?

Ne me parlez pas du soleil qui fait reluire les vampires, je vais devenir grossier.



 J'adorais Buffy, mais sa romance avec Angel me saoulait. A la rigueur, sa passion torride avec Spike me paraissait plus justifiée, même si un peu abusive (visiblement placée là pour donner un ton plus "adulte" à la série, et ce n'est surement pas par hasard si durant la même saison, Tara crève bêtement et Willow passe par une phase "dépendance à une drogue dure").

Tessa a donc été créée à l'opposé de certains de ces vampires "héros" qu'on nous présente. Si on la rencontrait, qu'on la perçait à jour, elle nous tuerait en hésitant surtout sur la façon de le faire. Il fallait, pour la rendre "sympathique" au lecteur, que je détaille quelque peu son cheminement intérieur, son histoire, sa position par rapport à sa malédiction, sans jamais faire d'elle une vraie "héroïne", une tarée, ou une martyre de sa condition. je m'y suis donc employé. Je lui ai donné le physique de la fille qui hantait mes pensées, mais pour le reste, Tessa a grandi par elle-même, dans un coin de mon esprit.

L'idée de la chute de "la rédemption de Tessa" m'est venue en écrivant, comme souvent dans mes textes.

Après cela, j'ai relu, organisé une bêta-lecture, recueilli des avis très positifs et fait brûler le gratin d'une amie oublié au four pendant qu'elle me lisait (véridique) et ça s'est arrêté là pour le moment.

En septembre 2013, j'ai rouvert le fichier, relu et corrigé, et comme je me sentais prêt à franchir le pas, j'ai envoyé mon texte à plusieurs maisons d'éditions. Le mail qui l'accompagnait était le suivant :




"Bonjour...


Je m'appelle Sylvain Desvaux et je suis à la recherche d'un éditeur pour le texte joint, « la rédemption de Tessa », novella horrifique revisitant le mythe du vampire.

Dans cette optique, j'ai sélectionné plusieurs éditeurs numériques possédant une collection fantastique ou horrifique. Pourquoi numériques ? Je pourrais arguer que c'est l'avenir, que le papier n'est pas écologique, mais la réponse est bien plus simple :

Le numérique est un format idéal pour les récits courts et les novellas, qui sont devenus mon mode d'expression favori. La nouvelle en France ne se porte pas très bien en termes de vente papier. J'ai la conviction que le numérique peut ramener la nouvelle, mais aussi la novella et le feuilleton, sur le devant de la scène. 
 
Ce que je cherche, c'est non seulement un éditeur pour cette novella, mais également un collaborateur sur la durée. J'ai d'autres novellas dans mes tiroirs, d'autres projets, et je serais ravi de faire un bout de chemin avec un même partenaire s'il trouve de l'intérêt à mes textes, et si notre collaboration les fait vendre.

Je viens de passer un an à travailler mes écrits, à me renseigner sur l'industrie du livre, à me tester au travers de bêta-lectures et de recherches diverses. Il y a 5 ans que je publie des textes sur atramenta (dont je suis un des membres fondateurs) et In Libro Veritas (dont j'ai fait partie du comité de lecture). Quant à l'écriture, je la pratique depuis 30 ans en amateur éclairé.

Bref, même si je débute en édition, il y a longtemps que je « tâte le terrain » comme on dit. 
 
J'espère que ce texte s'inscrira dans votre ligne éditoriale, qu'il répondra à une attente de votre lectorat, et que nous pourrons travailler ensemble dans un futur proche.

Je reste à votre disposition pour toute correction éventuelle.

Cordialement.


Sylvain Desvaux."



Avec, bien sûr, un synopsis complet. Je me suis donc préparé à attendre quelques mois.

J'ai reçu une réponse moins de six heures plus tard : mon texte était retenu par les éditions l'Ivre-Book.

En novembre, mon contrat était signé et je rejoignais les auteurs de l'Ivre-book. C'est impressionnant de croiser autant d'auteurs que l'on connaît déjà de réputation.

En Novembre aussi, je me suis attaqué au défi du nanowrimo : écrire un roman en un mois. Je n'ai pas réussi, mais je me suis aperçu que mon écriture pouvait et devait être remise en question. Malgré l'engouement qu'il rencontrait, le texte de "La Rouge et le Sombre" me paraissait indigne de moi, plein de maladresses, parce qu'écrit trop vite. J'ai souvent cette impression si je colle sur un texte trop longtemps, raison pour laquelle je saute souvent d'une création à l'autre, le temps d'adopter un regard neuf sur ma production.

En décembre, j ai relu Tessa et je lui ai trouvé plein de défauts.

Il a fallu attendre 2014 pour attaquer les relectures et le travail de correction, puis le BAN (Bon à numériser)en mai, puis le BAD (Bon à diffuser) en Juin.

Nous avons eu la chance de pouvoir trouver une couverture qui résume l'esprit du texte, tout en correspondant parfaitement à un passage précis. Peut-être pour ça que je la trouve géniale, bien que dérangeante ;)

Je n'ai pas chômé, j'aime autant vous le dire : entre temps, je m'étais entraîné sur de vieux textes. je les avais remis en forme, corrigés, réécrits, relus, et publiés sur amazon dans le seul but d'améliorer encore mon écrit et de récolter des opinions. Je me suis donc attelé à la réécriture de Tessa avec passion.

En tant qu'auteur, c'est comme ça que je fonctionne : pas à pas, mais toujours vers le haut.

6 nouvelles en auto-édition plus tard, voilà le résultat. Un texte de 111000 SEC. Il restera sans doute quelques coquilles et imperfections (il en reste hélas toujours) que je n'ose qualifier "de jeunesse", et dont j'aurai certainement honte, mais il s'agit d'un vrai boulot, d'une vraie histoire de mon cru. Les personnages sont souvent nommés d'après certaines connaissances, et il ne faut certes pas y voir un hasard si un personnage secondaire porte le prénom de mon éditeur.

Ceux qui liront ce texte et qui l'apprécieront me demanderont certainement s'il y a une suite en préparation. Pas pour le moment, mais j'y pense sérieusement (et Lilian m'a déjà posé la question). Si ce premier opus reçoit un accueil favorable des fans de vampires (et je sais qu'il sont nombreux), Tessa aura une suite, je pense pouvoir l'affirmer.  Savoir si elle sera vendue ou même vendable, et bien.... Nous en reparlerons !

Voilà, je vous laisse dévorer ce texte que beaucoup ont trouvé "bien écrit". Pour ma part, je ne suis plus vraiment en position de le juger. Mais j'espère que l'énergie et les sentiments que j'ai placés en ces pages, en ces mots, sauront vous glacer le sang, vous faire sourire, voire même vous écoeurer par instants.

Pourvu seulement qu'ils vous inspirent quelque chose !

Je vous souhaite une agréable lecture !



 

samedi 7 juin 2014

Comment devenir auteur, partie 3 : Premiers textes, premiers lecteurs, premières corrections. (la bêta-lecture)

Dans les précédents chapitres de ce guide "pas à pas" pour devenir auteur, basé sur mon expérience personnelle et celle de pas mal de collègues, nous avons vu qu'il fallait :


Si vous avez respecté ces trois étapes, plusieurs années au bas mot se sont écoulées. Mais vous savez désormais comment "bien" écrire, du moins avez-vous trouvé votre voie, votre équilibre littéraire.

Il n'est pas impossible que durant tout ce temps, vous ayez déjà cédé à la tentation de partager vos textes, par curiosité ou pour satisfaire votre ego. Il n'y a là rien d'anormal, et il vaut mieux se confronter au regard des autres le plus tôt possible, puisque vous cherchez à être lu.

Vous êtes maintenant un auteur au niveau "zéro", un débutant doublé d'un inconnu. Vous avez quelques amis qui vous suivent, ou des personnes qui ont aimé vous lire. C'est un bon début.

Maintenant, il va falloir vous confronter au regard des autres et provoquer les critiques constructives, dans le but de vous améliorer (oui, encore, l'humilité de l'auteur n'est pas un mythe, il faut constamment vous remettre en cause si vous voulez progresser).

4/ La bêta-lecture.

Prenez un de vos textes, ou écrivez-en un nouveau. Il n'a pas besoin d'être long. Relisez-le et corrigez-le. Modifiez-le comme bon vous plaira. Lorsque vous serez satisfait du résultat, rejoignez un site de bêta-lecture (Imperial Dream, Histoires de romans ou Cocyclics par exemple) ou rassemblez une poignée de vos contacts "littéraires". La bêta-lecture consiste à proposer un texte en échange de critiques constructives. C'est une opportunité que le net offre à toute une nouvelle génération d'auteurs, et il serait dommage de vous en priver.

Vous allez recevoir des avis plus ou moins éclairés de personnes plus ou moins compétentes. Parmi ces esprits critiques, vous remarquerez vite que se dégagent certains profils :

L'enthousiaste : Il vous félicite, dit que c'est très bien et... c'est à peu près tout. Son avis n'est pas très utile, mais ça fait du bien au moral. D'après une enquête de la Shangrymania, il ressort que 85% des enthousiastes proviennent du cercle familial ou amical de l'auteur (parfois même, ce sont des animaux de compagnie). Remerciez-le.

Lecteur enthousiaste mais limité dans l'art de la critique constructive.
Le pro : Le pro a roulé sa bosse, il a déjà donné dans l'auto-édition, il a peut-être même été publié par une maison d'éditions. Il est souvent de bon conseil, mais attention : il a déjà développé sa propre opinion sur ce qu'est l'écriture, et celle-ci n'est pas forcément la votre. Tous les auteurs vont dans la même direction par des centaines de chemins différents. Ce qui a pu marcher pour lui ne s'appliquera pas forcément à vous. Remerciez-le, mais prenez du recul.

Le réfléchi : le réfléchi vous parlera sans détour, il vous dira ce qu'il a aimé, ce qu'il n'a pas aimé. Il argumentera et vous aurez sans doute des conversations plaisantes. Remerciez-le et recoupez ses opinions avec celles du pro et de l'académique, vous en dégagerez des lignes de conduite valables.

L'académique : l'académique voue un culte à la langue française, il dort avec un Bescherelle sous son oreiller. Il possède une connaissance impressionnante de la grammaire et de la syntaxe et vous tannera pour que votre texte soit écrit à sa façon, qui est forcément la meilleure, la plus compatible avec sa définition de ce qu'est la langue française. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, beaucoup d'académiques ne sont pas publiés ou publiables : à trop théoriser la langue, ils oublient qu'elle n'est qu'un outil, et leurs magnifiques démonstrations littéraires ont tendance à endormir pas mal de lecteurs, produisant des textes superbement écrits, il est vrai, mais dépourvus d'intérêt pour qui voit en la lecture un simple moment de détente. Certains académiques sont très sympas, d'autres sont de superbes cons un poil snobinards. Remerciez-le pour ses conseils (souvent précieux mais parfois invasifs) et prenez beaucoup de recul.
Académique sympa et atypique.

Le touriste : il s'agit souvent d'un auteur débutant qui s'est lancé beaucoup trop tôt dans l'aventure de la publication, ou qui partage ses premiers jets en étant convaincu que ce sont des oeuvres d'art. Il vous signalera des fautes qui n'en sont pas, proposera de revoir l'histoire de A à Z, ou pire, vous offrira une version modifiée de votre texte. Remerciez-le de son intérêt mais ne vous fiez pas trop à son jugement critique. Au moins, il vous fera sourire et de temps à autre il lâchera un commentaire redoutable de pertinence (13% de chances de looter un avis tier 3 rare ou épique).

L'opportuniste : Alors lui, il vous contactera en MP pour vous proposer un service de corrections, ou carrément un contrat d'éditions mirobolant, pour des sommes dérisoires oscillant souvent entre 200 et 5000 euros. Ne le remerciez pas, dénoncez-le aux modérateurs du forum et envoyez-le chier sa race, putain, merde ! Ne devenez pas, comme tant d'auteurs débutants, la vache à lait de personnes peu scrupuleuses prêtes à se faire du blé sur le talent (ou parfois, malheureusement, l'absence de talent) des autres. Apprenez à vous défendre dés maintenant contre ce genre de rapaces : vous en croiserez beaucoup sur votre chemin.

Sachez reconnaître un opportuniste qui vous salue (en général il ne fournit pas la vaseline).
Le chieur : non seulement le chieur va adorer lire ce que vous lui présenterez, mais il excellera à pointer du doigt la moindre de vos faiblesses, l'incohérence ici, la coquille là, la moindre virgule de travers, l'apostrophe oubliée page 288 ou l'espace installée en lieu et place de l'insécable page 26. En bref : votre ego va en prendre pour son grade. Et croyez-moi, vous en redemanderez, comme le masochiste de base qui sommeille en tout auteur digne de ce nom ! Car si le chieur semble prendre un plaisir jubilatoire à descendre votre oeuvre en flammes et dans la bonne humeur, ses conseils sont pertinents dans 99% des cas. De par mon expérience, les chieurs font les meilleurs bêta-lecteurs, car ils ne pardonnent rien, mais n'exigent rien de vous que votre meilleur ! Les chieurs sont souvent dactylos, auteurs ou travaillent dans le milieu de l'édition. mais il existe des chieurs amateurs, tout à fait aptes à vous pourrir la vie et à vous pousser à de fortes remises en question. Remerciez-le et gardez le contact : un auteur qui s'installe dans la complaisance est un auteur foutu, et le chieur ne sera jamais impressionné par vos 4 000 ventes si chacun de vos 4000 exemplaires possède 8 coquilles et 12 erreurs typographiques (qu'il saura vous rappeler). 

Tous ces avis récoltés ne doivent JAMAIS, mais alors JAMAIS et en AUCUN CAS, être pris au pied de la lettre, appliqués sans synthèse. Si vous vous efforcez d'écouter les uns et les autres et de contenter tout le monde, vous aboutirez à un texte que vous n'auriez jamais pu écrire seul. Il sera peut-être beau, mais il ne vous représentera pas ! Or, le jour où vous finirez par dédicacer "50 bouts de nougat" dans une grande librairie parisienne, c'est bel et bien votre nom qui figurera sur la couverture, pas celui de votre correcteur. C'est vous que votre lecteur souhaitera lire, pas votre voisine de palier qui a jugé que "routes cahoteuses, voire chaotiques" n'était pas une formulation digne d'intérêt. Engagez-vous auprès de vos mots à ne pas les trahir parce qu'un autre en fait la demande (et soyez pas cons, je vous demande pas non plus de revendiquer vos fautes d'orthographe comme preuve de votre style inimitable).

Le noir c'est stylé.

Le but d'une bêta-lecture ne doit jamais être de "corriger" votre texte, mais de "l'améliorer", et de vous aider à comprendre vos erreurs. Vous en apprendrez beaucoup sur vous-même, et vous comprendrez ce qu'on attend de vous, ce que vous savez le mieux faire.

Soyez humble quand on vous reproche une faute d'orthographe ou de grammaire, et n'hésitez pas à vérifier si vous avez un doute. Si c'est une tournure de phrase qui ne plaît pas, réfléchissez au meilleur moyen d'exprimer ce qui doit rester VOTRE idée. Si on vous propose un angle narratif différent ou des précisions dans ce paragraphe, ne les acceptez que si elles vous paraissent compatible avec votre écriture.

C'est là que commence à se forger le fameux "style" de l'auteur dont tout le monde vous parle. Tout ce que vous serez capable de justifier sur un plan narratif ou syntaxique représente votre plume, vous définit en tant qu'auteur. Au fil de vos écrits, vous allez développer votre propre musique, vos propres "recettes de cuisine". C'est l'un des aspects les plus passionnants de l'écriture. La routine ne peut jamais vraiment exister pour un auteur qui s'investit dans ce qu'il produit, il sera toujours en train de cogiter sur une façon de séduire ou surprendre son lecteur. Son style mûrira, et chaque texte qu'il signera prendra la valeur de l'unique.  Je me répète, chaque auteur est pluri-spécialisé, et si un jour vous devenez un écrivain reconnu, votre lecteur n'attendra pas vraiment de vous une histoire originale ou une narration hors du commun : il saura ce qu'il aime dans vos livres, et il le recherchera dans chacune de vos oeuvres. La vérité, c'est que votre style est une drogue dure pour votre lecteur. Voilà pourquoi les pseudonymes existent : ils permettent à l'auteur de varier les plaisirs sans décevoir son lectorat.
Dans le prochain article, nous parlerons de la "chouffe" et du "grisbi de l'auteur"...

Viendra enfin le jour où vous serez capable de présenter un texte dont vous serez prêt à assumer la moindre qualité et les plus grands défauts. Ce jour-là, vous serez peut-être prêt pour vous lancer dans le grand bain et tenter l'édition.

Pour conclure cet article, un petit mot sur le plagiat :

Ils sont partout, ils vous surveillent...

Beaucoup de jeunes auteurs sont convaincus de posséder une idée tellement unique qu'ils redoutent de la soumettre au circuit éditorial. Ils s'isolent chez eux, cachent leur manuscrit, perdent des cheveux et se mettent à grogner "mon préééciiiieuuuux" quand un autre auteur approche. Après ce que je viens de vous expliquer, vous comprendrez sans doute pourquoi cette inquiétude est sans objet : ce que beaucoup d'auteurs de fiction refusent de comprendre, c'est que le plus souvent, ce n'est pas tant l'idée supportée par un livre qui le fait vendre, que la façon de la raconter (sauf dans le rayon philosophie ou politique par exemple). Les éditeurs le savent, et s'ils trouvent un auteur capable de charmer 80% de ses lecteurs en leur balançant une romance bateau, ils le préfèreront à quelqu'un qui possède une histoire géniale mais gâchée par une écriture déplorable ou pas assez mûre. De nos jours, les idées vraiment originales sont rares et pas toujours exploitables. Rien ne vous empêche de tenter le coup, mais souvenez-vous qu'un texte de fiction simple, cohérent et bien écrit sera plus souvent choisi qu'un texte trop complexe et pas maîtrisé. L'originalité réside plus dans votre plume que dans votre tête.

Dans le prochain article, nous aborderons vos premiers pas dans le monde éditorial. Vous verrez, c'est marrant.  






vendredi 30 mai 2014

Comment devenir auteur, partie 2 : inspiration et maîtrise.

Dans l'article précédent nous avons vu que pour devenir auteur il fallait :


(Non je n'y reviendrai pas, c'est vraiment un minimum si vous avez la prétention d'écrire et de vendre un bouquin)

Vous y êtes ? Vous êtes capable de rédiger plusieurs paragraphes sans douter de vous-même et de votre capacité à écrire ? Vous vous référez plus à votre Bescherelle qu'à la touche "correction automatique" de votre traitement de textes ? Vous avez dévoré des milliers et des milliers de pages, percé le mystère des techniques de narration les plus courantes ? Vous vous efforcez de pratiquer un français correct ? Vous avez acquis la passion du langage et l'envie de vous améliorer ?

Attention aux critiques à la dent dure...


Admettons que oui. Vous avez négocié vos premiers virages sur la dure voie de l'auteur. Sans le savoir, vous êtes déjà meilleur que 20 à 30% des auteurs démarchant les maisons d'édition -et j'exagère à peine.

Ca fait tout drôle, hein ?

Passons à l'étape numéro 3.


3/ Trouver son inspiration, maîtriser son écriture.


Une erreur commune chez le jeune auteur est de vouloir se lancer dans la rédaction d'un roman sur son sujet favori afin de le publier. Cela peut être une resucée du Seigneur des anneaux, une saga en dix tomes  de chick-lit comme Milady sait les faire, ou une épopée futuriste à la Star Wars.

A 18 ans, j'avais écrit un roman de space opéra parce que j'étais fan de Star Wars. Plus tard j'ai ébauché un livre en imitant le ton surréaliste adopté par Boris Vian dans "l'écume des jours", bouquin que j'avais adoré. 
 

Ce n'est pas idiot, c'est même légitime. Si vous êtes fan de King, vous voudrez écrire de l'horreur, comme lui. Si vous aimez Pancol, vous nous entretiendrez des déboires extraordinaires d'une femme ordinaire. Il y a juste deux petits problèmes :

1/Sauf si vous êtes vraiment doué, vous n'êtes tout simplement pas de taille à vous atteler à un roman. Pas encore.
2/Vous n'avez pas idée de ce que vous pouvez écrire.

Comprenez-moi bien : je ne dis pas que ce que vous produirez sera nul parce que vous débutez (l'histoire regorge de premiers romans ayant rencontré le succès), mais je dis juste que vous n'avez pas encore effleuré votre potentiel d'écrivain. En fait, à ce niveau, vous ne savez même pas quel type d'écrivain vous êtes.

To be is to do. To do is to be. Do be do be dooo...


Vous êtes encore à la poursuite de votre style, de vos idées. Votre plume se cherche, et tout naturellement, vous pensez que si vous adorez lire du fantastique, vous serez doué pour écrire du fantastique.

Sauf que ce n'est pas vrai. Vous serez sans doute doué pour écrire du fantastique, mais pas que. Ce serait vous brider que vous en convaincre.

C'est une chose étrange que l'esprit humain. Nous fonctionnons par associations d'idées. Nos expériences et notre imaginaire se mêlent constamment dans cette grosse caisse de résonance qu'est notre cerveau. Le résultat sur le papier peut se révéler absolument imprévisible. 

Une idée en entraîne une autre...


Il va vous falloir déterminer ce que vous aimez écrire, et croyez-moi : ce n'est pas toujours facile à trouver, tant à ce stade, nous sommes encore imprégnés par l'exemple de ceux qui nous ont précédés, convaincus de savoir ce que nous voulons exprimer.

Habituez-vous à cette idée, simple mais vraie : Vous n'aurez jamais à raconter l'histoire parfaite, c'est l'histoire qui se livrera à vous, clefs en mains. Vous pouvez travailler avec plan ou sans, être un dilettante de l'écriture ou un forçat de la grammaire, au final, il viendra toujours un moment où vous écrirez quelque chose que vous ne vous attendiez pas à écrire. Et vous serez surpris du résultat, car il vous paraîtra étonnamment bon (à vos lecteurs aussi, si vous en avez déjà) !

Certains auteurs sont doués pour camper les personnages, d'autres possèdent un sens de l'intrigue qu'Hercule Poirot ne renierait pas, d'autres encore n'ont pas leur pareil pour rendre un dialogue vivant ou un univers crédible. La vérité, c'est que chaque auteur digne de ce nom développe sa série de spécialisations, et il devient vraiment agréable de le lire quand il les connaît et qu'il sait comment les exploiter.

En tant qu'apprenti auteur, vous devez découvrir vos points forts et vos points faibles, et les moyens d'en user.


Faîtes-vous vous-même.


Si vous avez beaucoup lu et beaucoup écrit, vous possédez certainement déjà vos petits talents, seulement, vous ne les maîtrisez pas forcément tous.

Alors, il va falloir expérimenter, chercher, et comprendre ce que vous aimez écrire afin d'offrir le meilleur à votre lecteur. Pour cela :

1/Soyez curieux de tout. Ne vous cantonnez pas à vos centres d'intérêt habituels. Parfois, une simple balade sur wikipédia peut fournir la matière de base à une bonne histoire. Nourrissez l'animal de compagnie favori de l'écrivain : son imagination. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, cette bête-là se délecte aussi du réel.

2/ Ne partez pas du principe que parce que vous écrivez de l'horreur, vous n'avez pas à vous soucier de savoir écrire une scène romantique. Ne snobez pas les types de littérature qui ne vous intéressent pas. L'inspiration est partout, mais on la trouve surtout chez les autres.

3/Prenez l'habitude de passer par l'écrit vos idées et vos sentiments. En prose, en poésie, par blog interposé, sur la nappe du restaurant, sur un petit carnet "hello kitty" avec un stylo rose, comme vous voulez. Faîtes communiquer votre muscle de l'écriture, dotez-le d'une voix et d'un timbre qui lui sont propres. Ne vous focalisez pas sur ce qui vous paraît être "l'oeuvre de votre vie", vous réaliserez très vite que cette première histoire que vous souhaitez écrire n'est que la partie émergée d'un immense iceberg. Plus vous écrirez, plus vous allez vous découvrir de talents, et plus cette première "oeuvre" vous semblera indigne de vous. Primaire, pour ainsi dire. Et ce sera souvent vrai.

Certains auteurs sont encombrants.


4/ si vous voulez écrire sur un sujet que vous ne connaissez pas, ne fuyez pas derrière des prétextes : renseignez-vous. L'imagination est un outil puissant, mais il est parfois plus simple de se livrer à des recherches sérieuses. Bernard Hananel, un auteur que je respecte énormément, décrit dans "cartouche Karma" un pays où il n'a jamais mis les pieds. Mais il s'est si bien documenté que cela ne se voit pas. 

Vous n'avez pas envie d'écrire une scène d'amour ? Qui vous y force ? Seulement, si vous voulez devenir auteur, un jour ou l'autre, vous y viendrez. Expérimentez. Pourquoi pas une scène d'amour avec des persos complètement déjantés ? Entièrement dialoguée ? Avec une couleur différente pour chaque paragraphe ? En musique ? Vulgaire ? Ce qui vous plaît, du moment que vous vous amusez à l'écrire, cette foutue scène ou Lilas demande à Tom de la raccompagner dans sa chambre. L'idée est de comprendre comment résoudre vos problèmes de narration, en les faisant plier devant votre plume. Si vous reculez devant une scène parce qu'elle ne correspond pas à votre idée de l'écriture, vous avez perdu. Mais si vous avez suffisamment lu et écrit, vous trouverez toujours un moyen d'affronter ce genre de problème.

Vous avez passé pas mal de temps à apprendre les bases du boulot, vous savez lire et écrire, maintenant, c'est l'heure de la récré, marrez-vous ! Il n'est pas de plus grand bac à sable que l'écriture. En vous amusant à tout interpréter par l'écrit dans le parc de vos bons mots, vous ne créerez sans doute pas de chef-d'oeuvre littéraire, mais vous allez vite déterrer certains trésors qui vous seront très utiles. Avec de la pratique, vous devinerez instinctivement quelle narration adopter, quel rythme convient pour telle scène, parce que vous serez en terrain connu, et vous n'encombrerez plus les forums littéraires de questions atrocement subjectives, telles que :

- Quel temps employer pour ma nouvelle ?
- Quel nom donner à mon personnage central ?
- Pourquoi écrire à la première personne du singulier ?

Ces questions ne sont pas mauvaises en soi, et parfois, elles sont pertinentes. Plus souvent, elles trahissent un auteur qui se cherche encore. La réalité, c'est que votre lecteur, il se fout bien que vous lui racontiez votre histoire au présent ou au passé décomposé, que votre perso s'appelle Aristophane ou Tartempion, qu'il raconte sa propre histoire ou que vous lui prêtiez votre voix. Votre lecteur, il veut lire une bonne histoire, passer un bon moment, voire même réfléchir si vous lui fournissez quelques pistes.

Un bon magicien sait fournir l'illusion que le lapin sort vraiment du chapeau. Votre lecteur ne veut surtout pas voir le trou dans la table avec la cage cachée sous la nappe. Devenez magicien, prenez confiance et mystifiez votre futur lectorat.

Certains auteurs sont plus doués que d'autres...


Pour cela, il faut que vous soyez à l'aise avec votre écriture, et la seule façon d'y parvenir c'est la pratique. Je ne vous empêche pas d'écrire des fanfics sur game of thrones, de rédiger le premier tome de votre saga à mi-chemin entre Harry Potter et 50 shades, ou de coucher sur le papier ce fabuleux roman que vous nourrissez dans votre tête depuis votre adolescence. Mais je vous recommande de ne pas vous ruer vers la publication. Beaucoup ont été dégoutés de l'écriture pour avoir fait preuve de trop d'enthousiasme. Vous ne seriez pas le premier à découvrir que votre fait d'armes littéraire n'intéresse personne d'autre que vous.

Testez-vous, surprenez-vous. Partez en terre inconnue. Il vous reste pas mal de choses à apprendre, mais vous êtes sur le bon chemin.

Pour l'heure, gardez tout ça pour vous et quelques-uns de vos amis peut-être, allez à la rencontre de votre plume. Apprenez à vous connaître en tant qu'écrivain. Ecrivez, écrivez, écrivez encore. Trouvez ce qui vous stimule, quel est le pouls de votre coeur littéraire. Cela peut prendre des années.

Puis, quand vous aurez apprivoisé votre imaginaire et élargi votre horizon, quand vous relirez le premier jet de "Roudoudou chez les papous" en soupirant devant tant de maladresse, vous réaliserez que vous avez bien fait de ne pas chercher la publication à tout prix et vous comprendrez ce que je vous affirme ici aujourd'hui :

Chaque histoire peut être racontée de plusieurs centaines de façons différentes, et aucune de ces méthodes n'est sotte ou déplacée. En revanche, un auteur ne peut conter une histoire que d'une seule façon efficace : la sienne, polie au fil des années par une pratique enthousiaste de l'écriture.

Quand vous en arriverez là, nous pourrons nous concentrer sur l'étape suivante, qui est également mon prochain article : les premiers partages et vos premiers lecteurs.

   
 


jeudi 29 mai 2014

Comment devenir auteur partie 1 : les bases.

Aujourd'hui, j'ai envie de m'attaquer à un poncif, une question incontournable. Ce sera long, donc je prévois une série d'articles (3 ou 4) rédigés avec ma verve habituelle. Si vous arrivez sur cette page par hasard, il y a de fortes chances que vous ayez tapé "comment devenir auteur" dans votre barre de recherche favorite. Dans ce cas, bienvenue sur la Shangrymania.


On devient auteur en écrivant des livres, en les vendant, et, avec beaucoup de chance, un jour on tire le jackpot et on est vendu à 140 000 exemplaires, la France vous aime, PPDA vous fait la bise, les auteurs indépendants qui vendent 3 livres par mois disent que vous êtes un vendu ou que vous avez couché avec votre directrice de collection (opportunité parfois intéressante mais pas toujours), et la Malagré dit du mal de vous (pléonasme).



Mais, la plupart du temps, on écrit un livre et puis...

Auteur débutant en pleine séance de dédicace.
Rien. Le néant. Les exemplaires invendus de votre chef-d'oeuvre incompris publié à grand prix jonchent le sol de vos WC où siffle le vent du dépit. Assis sur le trône tel un roi déchu, l'inspiration en berne, un sourire fané sur vos lèvres flétries par l'alcool, vous vous laissez aller à de sombres pensées, envisageant une reconversion politique dans le Cantal ou un passage dans une émission de real TV, ainsi au moins, la Malagré dira du mal de vous (répétition).

La loose est-elle une fatalité pour le jeune écrivain en herbe ?

Pas forcément. Mais on ne devient pas auteur en un claquement de doigts.

Alors, comme je suis gentil et que j'aime bien donner de bons conseils aux gens, voici en quelques étapes comment devenir un auteur de réputation internationale.



1/ Apprenez à lire.



Je vois d'ici vos yeux arrondis et vos sourires incrédules. C'est pourtant la base, l'enfance de l'art.

Faisons une expérience simple : fermez les yeux et repensez à votre enfance, à vos cours de français (et arrêtez de mater les fesses de votre prof s'il vous plaît). Posez-vous ces questions :

Lisiez-vous les livres recommandés par votre prof ?
Lisiez-vous des livres non recommandés par votre prof ?

Si vous répondez non à une de ces deux questions, vous partez mal.

Le mécanisme d'écriture débute par le mimétisme. Un peu comme quand vous dîtes grabfllooouuu en tentant de prononcer "garou" pour prévenir votre maman qu'un monstre horrible dort sous votre lit ( n'insistez pas, elle ne vous croira pas, vous n'avez que deux ans et en plus elle n'aime pas la bit-lit ).

Croyez-moi, vous pouvez suivre tous les cours d'écriture créative qu'il vous plaira, aller à l'université, acheter une licence de Word ou débaucher votre prof de français à la retraite en échange de quelques fallacieuses promesses (qui varient de la boîte de bonbons jamais achetée à la nuit orgasmique jamais consommée), si vous ne lisez pas, vous n'écrirez pas, ou alors, vous écrirez mal.
Lire peut aussi vous sauver de la connerie, mais c'est un autre débat.

Il ne s'agit pas non plus de lire un livre en diagonale, d'aligner 300 pages par heure pour satisfaire votre ego : engagez-vous à lire un livre jusqu'au bout, à chercher la définition des mots que vous ne comprenez pas. Écoutez la musique des mots, soyez réceptif aux constructions voulues par l'auteur. 

Ainsi, vous allez vous construire un vocabulaire solide et une reconnaissance instinctive de certaines tournures, de certains styles. Vous n'avez pas absolument besoin de savoir ce qu'est un épithète ou un transitif pour bien écrire, et je ne vous parle même pas des formulations substantives.

En revanche, vous avez besoin de pouvoir énoncer une phrase de façon correcte, d'agencer des paragraphes, de traquer vos répétitions, de structurer vos idées, d'emmener votre lecteur là où il est censé se rendre. Et en la matière, aucun professeur ne sera aussi efficace qu'une pile de livres lue consciencieusement. 



2/ Apprenez à écrire.
La bonne pédagogue, c'est important.

C'est une évidence. Vous DEVEZ connaître les règles de base du français, celles apprises en primaire. Mais vous devez aussi faire de la langue française votre outil de travail, quitte à la malmener parfois. Pour cela, il faut savoir l'employer à bon escient.

Si vous pensez arriver, écrire un bouquin et démarcher un éditeur qui vous rendra riche et célèbre pour que la Malagré dise du mal de vous, vous partez mal, car en fait, le vrai boulot d'un auteur, ce n'est pas d'écrire un best-seller, c'est de se rapprocher d'une rédaction optimale de son ouvrage.

On va vous corriger un peu, certes, mais on va surtout vous demander d'apprendre à vous corriger. On vous demandera de réécrire tel ou tel passage en moins de mots, d'accentuer tel ou tel sentiment, de rajouter du lyrisme, du drame, et si vous êtes incapable de le faire, personne ne le fera pour vous.

Ceci n'est pas un auteur. Inutile de vous greffer des seins ou faire le canard.
Oubliez le marché saturé, oubliez les centaines de milliers d'auteurs potentiels, oubliez que pour tout bagage littéraire, vous ne possédez qu'un niveau de français brevet des collèges mention passable. Voilà pourquoi tant de manuscrits sont refusés de nos jours : l'éditeur sait très bien qu'il devra demander à l'auteur de revoir certaines parties de son manuscrit ; et si votre bouquin donne l'impression que vous ne maîtrisez pas la langue française, mais que c'est elle qui vous maîtrise et vous étouffe, il ne se donnera pas la peine de vous aider à tirer le meilleur de votre manuscrit. Perte de temps, perte d'argent.

Vous pouvez écrire une épopée flamboyante, un drame intimiste ou un space opéra galactique avec des hobbits déguisés en Ewoks, c'est la même recette : si vous luttez pour accoucher de vos phrases, si vous vous arrachez les cheveux pour dire que votre héroïne a les yeux bleu parce que ses cheveux sont bleus dans la phrase d'avant, si vous vous préoccupez plus de savoir comment écrire "horreur anthropomorphique gélatineuse" que du moyen effectif de foutre la trouille à votre lecteur, vous aurez beaucoup de mal. Et cela, aucun traitement de texte au monde ne pourra y remédier.

Au théâtre, on dit que pour bien jouer, un acteur doit d'abord apprendre son texte par coeur le plus vite possible, ainsi, il peut gérer ses déplacements, sa diction, ses intentions avec brio. Il sera même capable de rattraper une erreur d'un compagnon de scène, en improvisant. Les plus grands acteurs ne sont pas ceux qui ont la meilleure mémoire, mais bien ceux qui sont capables de donner vie à leur texte, à leur personnage.

Ceci est un auteur du type "à chapeau". Comme Nothomb, mais ça n'écrit pas pareil.
Les règles de base de l'écriture sont votre texte, que vous devez apprendre par coeur, sans souffleur (rôle tenu par votre traitement de texte, mais un bon souffleur n'apparaît jamais sur la scène). Une fois ce texte appris, il ne vous restera qu'à plaquer vos intentions, vos émotions, votre vision, et la magie s'installera. Libéré du poids de l'orthographe et de la grammaire, vous commencerez à bien écrire, parce que cela deviendra naturel. C'est également ainsi que vous pourrez commencer à vous soucier du "style". Le meilleur style d'un auteur est souvent sa façon naturelle d'écrire, affinée à force de pratique et de concision.

Pour pouvoir accrocher le lecteur, il faut qu'il ait une impression de facilité en vous lisant. S'il a le sentiment que vous vous êtes torturé les méninges en lisant "Les yeux myosotis d'Annabelle ressemblaient beaucoup à ses cheveux bleu mais en plus foncés", il décrochera très vite. Alors que si vous devenez capable de produire une phrase comme "Annabelle se décrivait en nuances de bleu, les tons clairs de sa chevelure ondulée contrastant avec l'ombre de ses grands yeux", il vous aimera pour cela. Et encore, pas toujours (certains lecteurs sont difficiles, et on ne peut pas plaire à tout le monde, apprenez cela dés maintenant).

Pour arriver à ce résultat : lisez. Écrivez. Prenez l'habitude de bien écrire même lorsque ce n'est pas requis. Si une formule dans un livre vous plaît, ne la repiquez pas bêtement, mais essayez de la comprendre, et demandez-vous comment vous auriez écrit ce passage avec vos mots à vous. Si vous commentez sur facebook, je ne vous demande pas de vouvoyer tout le monde et de supprimer smileys et LOL (je les utilise fréquemment), mais soignez vos phrases, votre orthographe, votre grammaire. Ne vous découragez pas, nous en sommes tous capables. Certains préconisent d'écrire une heure par jour, je préfère recommander de lire une heure par jour et de s'astreindre à une pratique correcte du français en toute circonstance, même pour envoyer un sms. C'est ainsi que vous en arriverez à vous vilipender intérieurement lorsque vous remarquerez que vous avez écrit "quel nuit nous avons passé LOL" sous la photo de vous en train de vomir dans le caniveau qu'un proche n'aura pas manqué de publier sur facebook, et que vous cliquerez sur l'icône "modifier" pour rectifier votre erreur (et tant que vous y êtes, virez cette personne de vos contacts).

Auteur débutant en transe créative (photo d'un fan)


Bon, je vous laisse digérer et pourquoi pas réagir à tout ça. Dans la prochaine partie nous parlerons de l'imaginaire de l'auteur et de son inspiration. 
  



lundi 31 mars 2014

Les yeux jaunes des patates (pourquoi je n'ai pas pu finir le bouquin de Pancol).

Cet article vous est offert par :





Patates écrasées ou purée, un schisme dans les familles.



Bon, je suppose qu'on est quelques-uns ici à avoir déjà lu le roman de Katherine Pancol, "les yeux jaunes des crocodiles". Ok, la Dame écrit bien, et bon son roman se laisse lire.

L'objet du délit.
Quant à moi, j'avoue avoir décroché aux abords de la page 300 à cause du rythme mollasson et de la multiplication de sous-intrigues pas vraiment lénifiantes, mais surtout, et là est mon sujet, d'une incohérence tellement ENORME que ça m'a pas donné envie de lire plus loin.

Pourtant le bouquin m'a été recommandé par une amie qui, découvrant mes aspirations littéraires, me l'avait conseillé.

Bon bref, sans trop spoiler, c'est l'histoire de deux soeurs, il y a patate molle et patate chaude. Patate molle se fait couillonner par un peu tout le monde dans la vie mais elle est une bonne pâte, t'as juste envie de la réduire en frites et de la plonger dans l'huile bouillante pour qu'elle se durcisse un peu en poussant de longs cris. Patate chaude se la joue quand à elle façon mondaine et chips et si elle est chaude, c'est que son mari s'occupe pas trop d'elle, et en plus elle cherche un sens à sa vie. Non parce que être riche, belle et célèbre dans le gotha parisien ne lui suffit pas. Bon elle a bien un gosse pour le standing mais ça la satisfait pas des masses. Sans mauvais jeu de mots, elle sent bien qu'il y a un trou à combler.

Patate molle et patate chaude.


Patate molle est super calée sur l'époque médiévale et elle veut écrire un roman dessus. Elle l'explique à patate chaude qui, ni une ni deux, rencontre un des plus grands éditeurs parisiens lors d'un diner mondain. Pour se rendre intéressante alors que l'autre la reluque comme une pomme duchesse, elle prétend être écrivain et cite quelques idées de patate molle.

Emballé, l'éditeur lui propose aussitôt un contrat avec une pétée de brouzoufs à la clé pour qu'elle l'écrive. A ce stade, il l'a même pas serrée, hein. Mais genre, là, il lui propose plusieurs années de smic (me rappelle plus le chiffre exact) remis par chèque, pour permettre à une pomme de terre croisée lors d'un cocktail de combler ses aspirations d'écrivain.

Je...

Donc, en fait, je résume, c'est un peu comme si nous jeunes auteurs on rencontrait un éditeur et :

— Bonjour votre seigneurie, permettez que je baisouille votre main.
— Relevez-vous manante, que diantre me voulez-vous ?
— Et bien j'écris un livre, et...
— Oh vraiment ? Quel en est le sujet ?
— Oh c'est du médiéval historique...
— De la fantasy ?
— Non du vrai médi...
— Rien de vendeur quoi. Vous savez écrire ?
— Et bien en principe, oui...
— Publiée peut-être ?
— A vrai dire jamais. C'est important ?
— Vous avez un premier jet à me faire lire ?
— Non, mais j'ai de jolis yeux.
— Je vois ça. Et bien, je m'en vais vous donner les moyens de concrétiser vos ambitions. Gardes ! Videz la salle des coffres et mettez tout dans la charrette de cette brave femme, et qu'importe si mes autres auteurs exigent ma tête sur un piquet !

...
Faut bien avouer qu'elle possède un charisme fou !

Bon, j'ai un peu romancé, mais j'avoue que j'avais envie de demander à la cantonade : suis-je donc le seul à considérer cela comme une incohérence d'un fort beau gabarit ? Je veux dire, une incohérence de classe iceberg Titanic ?


J'avoue, peut-être que ce texte est trop profond pour moi.
Et le plus beau, c'est que patate chaude va ensuite voir patate molle et lui explique l'affaire, pour que celle-ci lui mitonne un best-seller (je rappelle à ce sujet qu'à cette époque, patate molle n'est que traductrice à mi-temps et n'a donc jamais rien publié sur un plan littéraire, c'est affolant cette confiance que sa noble patate de soeur place en elle) et voilà que patate molle...

Hésite...

Hein ?

"Mon mari s'est barré au bout du monde avec mon pognon (mais il en avait bien besoin, le pauvre) pour élever des crocodiles avec son plan cul, ce qui a au moins le mérite de donner un titre original à l'histoire, j'ai du mal à joindre les deux bouts avec mes gosses, mes perspectives d'avenir sont toutes moisies même sur le plan amoureux, et ma soeur monte une embrouille avec un éditeur susceptible de me rapporter plusieurs années de mon salaire actuel, vu que cet argent ne l'intéresse pas (NdS HAHAHA!). Que dois-je faire ?

Après tout, ce n'est jamais qu'une opportunité unique qui ne se présentera plus jamais et qui me sauverait de mon existence de merde !

Ah, que je suis donc indécise face aux éprouvants dilemmes que me pose Dame la Vie !"
Patate en pleine introspection.

Avec le recul, je pense que Pancol aurait sans doute été plus crédible en faisant gagner patate molle au tiercé... Et encore, peut-être que patate molle aurait eu des scrupules à encaisser son dû, je veux dire, le tiercé, à la base c'est quand même l'exploitation des chevaux. Peut-être bien qu'elle aurait tout donné à la fondation Charal.

Et encore, même en bouffant des steaks tous les jours, on n'est pas à l'abri d'un coup de chance !
Bref, voilà pourquoi je n'ai jamais fini le bouquin de Pancol. J'espère que ça vous aura fait rire !

dimanche 16 février 2014

Parution de "Solitude à crédit".

J'ai commencé l'écriture de "Solitude à crédit" il y a trois ans environ. J'ai terminé sa première version il y a bientôt deux ans.

"Solitude à crédit" est un récit d'anticipation qui nous raconte la journée d'une femme nommée Diane dans un futur aseptisé. 

Sur atramenta et sur Ipagination, cette nouvelle a été très appréciée. Cependant, comme beaucoup de mes textes à l'époque, sa finition n'était pas parfaite. Et sans vouloir jouer mon George Lucas du pauvre, je pensais qu'il me faudrait revenir, tôt ou tard, dans la ville de Diane pour réparer quelques petits "oublis".

Voilà qui est fait. J'ai réécrit 80 à 90% du texte, ajouté de nombreux passages et détails, renforcé les personnages... Je pense avoir tout dit et ne rien avoir oublié. Le résultat est un récit plus long que mes autres nouvelles, à mi-chemin entre le conte et la parabole, empli de symboles, de valeurs et de questions qui me tiennent à coeur.

En cadeau pour vous : les premières lignes de cette nouvelle revisitée.

Et si vous voulez lire la suite, n'hésitez pas à cliquer sur les liens en fin de page...

Bonne lecture !




Disponible sur Lulu.com en Epub


Support independent publishing: Buy this e-book on Lulu.


 Egalement disponible au format KINDLE...



 

jeudi 13 février 2014

Combien gagne un auteur débutant (la question qui tue) ?




Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de ma vision de l'argent dans le monde de l'écriture.

Allez, comme nous sommes entre initiés, je vous le révèle : en presque trois semaines d'exploitation, depuis que je me vends en auto-édition sur amazon et lulu, j'ai gagné de quoi m'offrir une bière ou deux au troquet du coin !

J'en vois au fond qui haussent le sourcil, et pourtant ! Je peux vous affirmer qu'un tel "départ" est honorable, sans le soutien d'une quelconque maison d'édition. 5 euros de gains net, cela représente une vingtaine de nouvelles vendues, à peu près une par jour. Je vends mes nouvelles au tarif de 0.99€ l'une. Elles me rapportent à peu près 25 centimes selon le site.

Ne riez pas, je vous assure, c'est un début plus que correct ! Beaucoup de livres auto-édités ne trouvent guère plus de cinq ou six acheteurs, après quoi l'auteur débutant, dépité et découragé, souvent lâche l'affaire et change de vocation.

Si vous tapez "gagner sa vie en tant qu'auteur" ou "combien gagne un auteur" dans n'importe quel moteur de recherche, vous tomberez sur une quantité effarante d'articles et de blogs écrits par des écrivains désenchantés dont le ton varie du morose à l'aigre. Les chiffres annoncés seront souvent dérisoires et oscillent entre quelques dizaines et quelques milliers d'euros par an.


Article très facultatif dans la vie d'un écrivain lambda.


Certains auteurs quelque peu opportunistes profitent de ce climat pour sortir des méthodes d'écriture, des méthodes de marketing, des méthodes pour trouver un éditeur... Je n'ai pas osé vérifier, mais un obscur crétin aura probablement déjà écrit et vendu une "méthode pour écrire un best-seller" ou bien une "méthode pour écrire une méthode". On a des méthodes pour tout. Vous voulez vendre ? Écrivez une méthode. Ce monde grouille de gogos et d'aspirants écrivains prêts à vous faire confiance pour peu que vous ayez déjà un peu de respectabilité dans le milieu et pas trop de scrupules.

Exemple de placement de livre opportuniste.


La vérité, c'est qu'on ne peut jamais espérer vivre de ses écrits. Vendre un ouvrage est une aventure passionnante, un boulot éreintant si on s'y met sérieusement, mais c'est avant tout un acte de foi aveugle.

Je suis notamment tombé sur certains articles de blogs dont les auteurs, cartésiens jusqu'au bout des ongles, faisaient un parallèle entre le nombre d'heures passés sur un bouquin et le revenu effectif. Sauf que ça n'a rien à voir. L'écriture ne comprend pas le Smic, elle se moque des factures. L'écriture capitaliste, cela n'existe pas. On ne peut pas "écrire pour vendre". Il vaut mieux le comprendre très tôt, avant même de se mettre en vente. L'argent viendra ou ne viendra pas, et vos rentrées d'argent ne seront jamais indexées sur vos talents réels ou supposés d'écrivain. Votre notoriété, votre image, votre carrière et la mode du moment vous rapporteront bien plus que vos écrits eux-mêmes.
On peut aussi, bien sur, être connu pour de mauvaises raisons, écrire un livre pour de mauvaises raisons, et faire un bide...


Il est normal d'espérer amasser des fortunes en écrivant de belles choses. Je ne crois pas une seule seconde la personne qui me dit : "moi je ne vends pas mes livres pour l'argent". Je la crois d'autant moins si ses livres sont des premiers jets à peine relus et bourrés de fautes d'orthographe. Si vous vendez, si vous entrez dans ce système, vous pensez tout de même un peu à votre compte en banque. C'est humain, et même sain, cela montre que vous ne vous êtes pas totalement déconnecté de la réalité ; mais cela ouvre la voie à pas mal de désillusions. Là encore, il vaut mieux le savoir.

Je suis un écrivain autodidacte. Tout ce que je sais sur le milieu, sur les méthodes de travail, et sur mes propres processus créatifs, je l'ai appris par moi-même. J'ai suivi des cours de français jusqu'en seconde. Tout le reste, je l'ai appris durant l'âge adulte, et au cours des six dernières années, je n'ai pas cessé de me renseigner sur l'édition et sur ceux dont l'écriture était un mode de vie, bien plus qu'une passion.

Je suis fier de cela. Un peu trop, parfois. Ainsi, si je tiens à une certaine tournure de phrase, je la défendrai mordicus, demandez à mes bêta-lecteurs... Dans la vie, je ne suis pas un perfectionniste, je me considère même comme laxiste par instants. Dans l'écriture, je ne suis pas nécessairement très dur avec moi-même tant que je ne vends pas le texte, mais je sais précisément ce que je veux obtenir, et parfois même, comment l'obtenir. La raison en est simple : je veux écrire des choses que j'aimerais lire.

Quand je compose un poème où un texte pour mes pages internet, j'écris sur un mode "normal". Je ne néglige pas mes textes, non... Mais une ou deux répétitions de-ci de-là, ce n'est pas trop grave. Un accent manquant ? La belle affaire. Et vas-y que j'édite le post...



Quand je décide de vendre un texte, alors tout change. Mon but devient de l'améliorer au maximum, d'offrir au lecteur qui se fendra d'un euro l'oeuvre la plus aboutie possible. Le résultat ne sera jamais parfait, mais en tout cas meilleur que mes jets gratuits disponibles sur le net. C'est pour moi une question d’honnêteté, j'y tiens énormément. C'est cette fierté d'écrivain dont je vous parlais qui est en jeu. Pas celle que les critiques égratignent et que les jaloux visent, mais celle qui définit mon rapport à l'écriture. Celle qui fait que pour moi, tout passe toujours par les mots.

Bilan : une nouvelle écrite en 5 heures, corrigée en 10, est complètement revue, réécrite et passée sous divers outils de finition. On arrive à 15/20 heures de travail supplémentaire et 2 3 pétages de câble sans trop forcer, quand je m'aperçois que j'ai ENCORE commis cette faute idiote. Ajoutez la création d'une couverture, la mise en page d'un E book pour amazon et Lulu. com, la communication constante sur mes pages, le démarchage des blogs littéraires, vous comprendrez qu'il faudrait être complètement fêlé pour vendre la moindre nouvelle à moins de 16 euros, si je me mettais à "écrire pour vendre".

J'avoue d'ailleurs qu'avec le recul, je trouve que la novella envoyée à mon éditeur il y a quatre mois et acceptée par lui en un éclair, sur un authentique coup de coeur, n'était pas encore assez aboutie. Comme je n'avais pas encore mis mes oeuvres en vente, je ne connaissais que la théorie. Maintenant je peux affirmer que produire un Ebook correct, c'est un vrai boulot. Comme dirait Jesus "avant je croyais, maintenant je suis fixé". Mais je fais confiance à Lilian pour parer à mes "erreurs de jeunesse". Pardon patron, mais merci vraiment de m'avoir donné ma chance ! Mon prochain manuscrit sera un peu plus abouti, promis.


Non, ce que j'ai envoyé n'avait rien d'un premier jet, je l'avais poli pendant de longues heures déjà. Seulement, depuis que je me suis décidé à m'auto-éditer en parallèle de ma parution sous l'égide d'un éditeur, j'ai investi dans certains outils, comme antidote par exemple, qui lorsqu'il ne plante pas me permet de parfaire mon ouvrage, et je peux du coup apporter une meilleure finition à mes textes.

Alors oui, je vends mes nouvelles à 0.99€, et après 3 semaines de travail acharné, je le répète : j'ai gagné 4 euros et j'en suis heureux.

Ce n'est pas tant la somme qui me remplit de joie, même si avec ça je peux me payer deux litres de 8.6 et dormir une quinzaine d'heures. Ce sont les à-côtés, les petits faits qui me prouvent que j'avais raison de me battre, de défendre mes idées, de peaufiner mes écrits pendants des heures, et de patienter six années avant de songer à me vendre.

Je sais déjà que ma prochaine nouvelle auto-éditée à paraître sera achetée. Des blogs littéraires commencent à s'intéresser à mon cas. Les critiques sur mes nouvelles sont généralement bonnes, mes lecteurs enthousiastes. J'ai même eu droit à une interview !

Dans mon cercle d'amis et de proches, bien peu ont acheté mes oeuvres, mais je m'y attendais. Ils représentent au mieux 50% de cette vingtaine de ventes. En toute honnêteté, j'aime autant. je ne leur demande pas de m'exprimer leur affection en remplissant mon compte en banque, même si cela me touche qu'ils m'offrent leur soutien.

Mais surtout, en trois semaines, je n'ai lu ou entendu nul part, même si cela arrivera sans doute (il y a des crétins partout) :

"C'est pas mal pour un amateur".
"Pourrait mieux faire".
"Sympa".

Non, par contre, voilà des choses que j'ai lues à propos de mes textes et qui me font gonfler le coeur de joie et de fierté, cette fierté d'écrivain qui a su se rapprocher de ce qu'il voulait lire et offrir à ses lecteurs. Ou par exemple :

"Nul bâclage dans cette nouvelle"
"Un beau texte, vraiment très beau"
"La variété des thèmes traités est impressionnante"


Le vrai salaire, il est là. Des personnes qui ne vous doivent rien, qui ont parfois payé pour vous lire, mais qui ont passé un vrai bon moment en compagnie de vos mots. La reconnaissance de votre travail, de votre artisanat, elle est là, et même si je continue à espérer des rentrées d'argent un peu plus conséquentes dans un futur pas trop lointain (et on en reparlera), c'est ça qui me donne envie de continuer. Ces lecteurs-là me sont acquis, ils me suivront tant que je serai dans cette démarche honnête de me donner à fond dans mes écrits pour eux.

Alors 30 heures de travail sur une nouvelle de quelques milliers de mots, ce n'est pas si cher payé, tout compte fait.

Comme je vous le disais, vendre ses écrits est un acte de foi. J'ai désormais la preuve que quelques lecteurs croient en moi, tout comme je crois au pouvoir des mots.

Amen.
   

 PS : Il y a deux ans, une amie m'a offert une "méthode pour écrire et vendre un roman". Je ne pense pas en avoir lu une seule ligne. Vous comprendrez pourquoi. Pardon Sylvie.