mercredi 7 novembre 2012

"La méthode Charlotte" : autopsie d'un concours de nouvelles.

J'ai longtemps hésité avant de participer à des concours de nouvelles. La raison en est simple : j'ai vu beaucoup de jeunes auteurs finir leur premier bouquin, se ruer à l'assaut des éditeurs, perdre leur enthousiasme au rythme des lettres de refus, pour finir par se détourner purement et simplement de l'écriture. Je souhaitais tester ma volonté d'écrire, m'assurer qu'elle résisterait au temps qui passe et aux critiques négatives (J'en ai eu quelques-unes, même si elles ne sont pas la majorité).

Parfois, il est vrai, les premiers écrits d'un jeune auteur ne valent pas tripette. Si je relisais aujourd'hui mon premier bouquin ou "la balade d'un héros syndiqué", écrit il y a un peu plus de quinze ans, il est à parier que je rigolerais bien haut. Tout comme il est à parier que certains hauts littéraires se fendraient la poire en lisant mes textes de ces quatre dernières années. Il y a toujours meilleur que vous, et vous pouvez toujours être meilleur que d'autres. C'est une certitude que j'ai acquise au fil de mes lectures et de mes rédactions.

J'ai également une autre certitude : le talent ne vient qu'avec l'expérience, l'expérience ne s'acquiert qu'avec la pratique, la pratique ne s'exerce qu'avec la passion. Toutes ces jeunes plumes vaincues par le système éditorial n'ont souvent pas dépassé le stade de la passion. La passion seule ne suffit pas pour se faire éditer.

Tout cela pour vous dire que je n'ai pas commis l'erreur de chercher bille en tête un éditeur après avoir pondu mon premier bouquin (un space opéra sans titre, très jeune dans l'esprit, très premier degré dans sa narration). J'avais le sentiment que ce n'était pas assez bon. Ces quatre dernières années, je n'ai fait que déterminer mes points forts et mes points faibles. Quelqu'un a dit de ma plume "qu'elle se cherchait encore". Avec raison.

Les concours de nouvelles sont un bon compromis que je recommanderais au jeune auteur en quête de reconnaissance. Les chances de gagner sont toujours infimes, mais vous aurez la certitude d'être lu et jugé de façon neutre par un lectorat sinon compétent, souvent qualifié. Bien sûr, il y a toujours une chance de se ramasser une bonne et saine baffe en découvrant que vous n'êtes pas aussi bon que ça. C'est cela que je craignais avant tout. Mais, on le verra, l'histoire s'est bien terminée dans mon cas.

J'ai écrit "la méthode Charlotte", en 2 jours. Les corrections et relectures m'ont pris le même temps. On peut donc considérer que j'y ai passé une petite semaine. Je ne souhaitais pas m'investir d'avantage. Cela peut prêter à sourire, mais au cas où cela aurait été un fiasco total, au cas où mon travail aurait été jugé indigne du nom "d'oeuvre", cela m'évitait de devoir tout remettre en question.  J'aime ce texte, mais à mes yeux, il possède un statut quelque peu particulier, un cachet "officiel". C'était la première fois que j'entrais en compétition avec d'autres auteurs.

Fin Juin, les frais d'inscription réglés et le fichier envoyé, mon texte était lancé dans l'inconnu. Après, je suis passé à autre chose. Les résultats arriveraient en septembre.

Fin aout, je reçois un premier mail. Cela aurait pu être un mail type, du style "votre oeuvre n'a pas été retenue, bonne chance à vous....". Mais ce mail est personnalisé,  m'informant que "la méthode Charlotte" a échappé de peu au podium et a suscité un débat acharné parmi les jurés au cours des 2 sessions de délibération. Les résultats de la délibération finale étaient tenus à ma disposition. Je les ai demandés.

Un mois plus tard, j'ai reçu ceci  (attention spoilers) :


Je me suis appliqué à décrypter les informations figurant sur le bout de papier.

Les notes sur 20 attribuées à ma nouvelle étaient de 14, 12, 15, 16, et 17. Les critères pris en compte étaient au nombre de 4, notés sur 5 :

Expression, style et force (3/2,5/3/4/4). Un point à améliorer, donc, même s'il convient à la plupart des lecteurs. Le second juré doit aimer les longues descriptions et un langage plus fleuri que le mien.

Construction, mouvement dynamique, chute (4/3.5/4/4/4). Là ils sont plutôt unanimes, je sais construire une histoire et la gérer jusqu'à la fin. Flatteur.

Intrigue, inattendu (4/3/5 (!)/4/4). Manifestement, je n'ennuie pas le lecteur et je le surprends souvent. J'aime bien le perfect collé par le 3ème juré ! On peut également noter que le 4ème juré, en dépit d'une note flatteuse, a indiqué qu'il trouvait la fin "niaise". Je suis en partie d'accord avec lui, dans le bon sens du terme.

Personnage, définition du cadre temporel, crédit, caractère : 3/3/3/4/5(!). Une bonne moyenne, je pense que le dernier juré a compris que la vraie héroïne de l'histoire à mes yeux était la femme, pas l'homme, il a d'ailleurs ajouté dans la marge "très bon portrait".

Pour une première participation à un concours, et une nouvelle rédigée en 2 jours puis corrigée en 3, je pense que c'est carrément encourageant. La note globale est tout de même de 74/100 soit 15/20.
Voila donc, cher ami aspirant auteur, à quoi t'attendre quand tu participes à un concours de nouvelles. Dans mon cas, ce fut profitable et bénéfique. Je sais désormais, comme je le précisais dans mon post précédent, que j'ai une place à défendre en tant qu'auteur et que mes textes sont susceptibles de plaire même à un jury d'auteurs et de correcteurs qualifiés qui ne me doivent rien.
On m'a dit que le second juré avait été bien plus "dur" que les autres. Je garde simplement à l'esprit qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Certains détestent Tolkien, King, ou Balzac. Qui serais-je pour prétendre pouvoir être lu et aimé de tous ?
Pour une nouvelle bouclée en 4 jours, je considère ce résultat comme un bon début. Prochaine étape : le concours "du souffle sous la plume", fin décembre. Résultats... en Avril 2013 !


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